Entreprendre

Le 16 juin 2022

Ce sont 3 femmes  » indépendantes  » qui parfois travaillent ensemble. L’occasion de rappeler qu’on peut réussir même dans des métiers créatifs, réputés pas évidents, même en étant situé en Haute-Loire. Femmes entrepreneurs, elles ont chacune choisi un métier qui leur correspond, dans lequel elles se sentent bien, à leur place, et ne font pas dans l’amateurisme. Elles ont les qualités de leur métier ; la sensibilité de la pellicule pour la photographe dont le regard doit savoir tout saisir d’une personne ou d’une situation ; le souci de justesse de l’auteure dont les mots ne disparaissent plus une fois qu’ils ont griffé la page ; la vivacité et l’adaptabilité de la graphiste qui réalise un assemblage complice des écrits et des images, dans un temps contraint. Il faut de l’exigence, de l’écoute, et le goût du détail. Ces 3 femmes se sont souvent croisées dans le travail, elles ont aussi partagé des moments d’amitié

Laurence Barruel : artisane-photographe

Votre parcours de femme entrepreneur

Après un bac général j’ai fait un CAP photo à Lyon en formation adulte, j’ai travaillé quelques années dans la Drôme notamment dans un journal en tant que laborantine puis je me suis installée en tant qu’indépendante en 1995.

Dans tout ce que vous avez fait, vers quel type de travail va votre préférence ? 

J’aime la diversité, j’ai toujours souhaité être « éclectique ». Les moments forts sont souvent en lien avec de belles rencontres surtout lorsque je me rends dans des lieux improbables, un peu comme les coulisses d’une scène de théâtre lorsque l’on se trouve de l’autre côté du décor. J’aime tout ce que je fais, tout est important mais j’ai un petit faible pour les animaux pour lesquels plusieurs livres sont parus.

Quel est votre statut ?

J’ai longtemps été Artiste-Auteur, je ne le suis plus depuis peu et je suis maintenant en société type SARL-EURL

Pour quel revenu ? 

Il y a eu des années un peu difficiles lorsque je suis arrivée en Haute-Loire en 1998 car je ne connaissais personne. Il a donc fallu faire ses preuves, aller de l’avant, ne pas attendre que les choses arrivent toutes seules.

Pour me faire connaître j’ai fait des expos, des livres sur le département, répondu à des appels d’offre…et puis au fil du temps je me suis créé un véritable réseau. Les clients fidèles, le bouche à oreille m’apportent régulièrement de nouvelles commandes. Cette diversité et les années d’expérience permettent d’avoir un travail régulier même si l’hiver est parfois plus calme.

Des soutiens ? 

Mes premiers soutiens sont mes parents qui m’ont encouragé dans cette voix artistique.  Des coups de pouce, oui bien sûr !! Les bonnes rencontres au bon moment, les opportunités, le hasard, ou pas…

Lorsque Régis Marcon m’a demandé de faire les photos de son livre de cuisine,  je n’avais jamais fait d’images culinaires. J’étais paniquée, et puis je lui ai fait confiance et me suis laissée emportée dans cette nouvelle expérience, j’étais assez stressée mais très enthousiaste. Depuis j’ai fait de nombreux livres en France pour des chefs 2 et 3 étoiles Michelin avec les éditions De Borée et Hachette ainsi que des magazines avec l’agence Graphi Sud. 

 Est-ce que vous goûtez  ce que vous photographiez ?

Oui nous goûtons, et au-delà du plaisir de l’instant j’ai développé une grande curiosité du goût, j’aime bien chercher ce qui se cache comme ingrédients derrière un plat.

Comment en habitant en Haute Loire atteindre des clients d’envergure nationale ?

Je ne suis pas originaire de la Haute-Loire mais de Grenoble. Mon père s’est installé le premier ici, lors de visites, j’ai découvert les richesses de ce département. Des circonstances personnelles m’ont amené à vivre ici en 1998 et je me sens altiligérienne maintenant. Je suis heureuse vivre dans ce département varié où la nature est omniprésente et authentique. J’ai toujours trouvé les gens très accueillants. 

Les commandes nationales sont soit en lien avec l’édition soit par le biais d’agences de communication, mon site internet…

Comment vivez vous l’indépendance ? Gérer l’incertitude du lendemain, être seule face à vos problèmatiques d’indé…

J’ai toujours pensé que l’indépendance professionnelle pouvait coûter cher à certains moments mais qu’elle n’avait pas de prix car on a une certaine liberté. Pour ce qui est des horaires, je ne les compte pas, parfois c’est même difficile de « couper », je m’accorde des temps de pause dans les périodes un peu plus calmes.

Mes difficultés principales se situent plutôt côté matériel, le poids du sac photo, c’est une contrainte pour le dos à la longue… mais aussi les caprices de la météo pour les reportages en extérieur, beaucoup de temps en postproduction sur l’ordinateur après les séances photo ainsi que toute la partie administrative.

Le relationnel

  • avec les hommes… gérer les clients difficiles (des hommes, pour la plupart), supporter des positions patriarcales, est ce que ça change avec le temps, et après #metoo ? 

Je n’ai eu qu’une remarque il y a longtemps qui m’a fait sourire « je ne pensais pas qu’une femme pouvait être photographe ».

  • avez vous été confrontée à des remarques défaitistes du style   » photographe, pffff, c’est pas comme ça qu’elle va gagner sa vie.  » 

J’ai plutôt eu des encouragements dans les périodes plus creuses. Par contre je pense que certaines personnes ont l’impression que photographe n’est pas un vrai métier compte tenu que beaucoup de gens font des photos cela peut banaliser notre travail alors que c’est une profession à part entière tel un artisan.

Ce serait à refaire ? 

Je n’ai aucun regret, je suis heureuse dans mon travail. Comme difficultés je dirai que parfois des commandes « urgentes »  arrivent en même temps et cela peut entrainer du stress.
Et j’ai des projets…  En plus des commandes de mes clients j’ai besoin d’avoir toujours un projet personnel, quelque chose qui me tient intimement à cœur : mon prochain livre sera un tome 2 sur les ânes avec les Edition DeBorée du groupe Centre France. Ainsi que des carnets de campagne.


Lilo nectar, Un entrepreneur multipotentiel à retrouver sur STRADA


Corinne Pradier :  Auteure, autrice ou écrivaine ? Qu’importe. Elle écrit.

Ma profession est multiforme et a pour centre l’écriture. J’ai exercé dans tous les maillons de « la chaîne du livre » : relecture de manuscrits, mise en page, correction d’épreuves, fabrication et même la vente en librairie. À mes débuts en tant qu’indépendante, j’ai été principalement correctrice pour des maisons d’édition (j’ai adoré me mettre au service d’un texte) puis me suis recentrée sur ma propre écriture, d’ouvrages puis de reportages.

Votre parcours de femme entrepreneur

Il m’a fallu un certain temps pour assumer ce que je ressens comme une vocation. J’ai passé un Bac en économie générale, me suis égarée 6 mois en sciences économiques et sociales avant de passer une licence en Lettres modernes tout en étant surveillante de nuit dans une École pour enfants sourds et malentendants, ce qui m’a permis de financer ma formation au Diplôme universitaire en technologie des Métiers du livre de Bordeaux (passé en un an).

Dans tout ce que vous avez fait, vers quel type de travail va votre préférence ?

Mes activités se complètent et s’enrichissent, tant d’un point de vue matériel (peu d’auteurs peuvent vivre uniquement de leurs droits) que sur ce qu’elles m’apportent comme matière à réflexion. Ce qui suscite enthousiasme et joie : l’écriture, quel que soit le format ou le support (reportages pour la presse magazine à qui je propose mes sujets, ouvrages au long cours, atelier d’écriture…). J’apprécie particulièrement la pluralité des sujets abordés et les profils divers des gens que je côtoie.

Votre statut ? 

Je suis artiste-auteure affiliée à l’Agessa. Je paie des cotisations sociales sur mes revenus, ce qui m’ouvre des droits aux prestations sociales de type maladie, retraite, invalidité… J’ai également un complément d’activité en auto entreprise pour tout ce qui ne relève pas du droit d’auteur comme la communication.

Revenus  ?

Depuis mes débuts en tant qu’indépendante (en 2004), mes revenus ont connu des bas puis des hauts, avoisinant longtemps le SMIC. L’écriture est pour moi un choix de vie. J’ai ajusté mes besoins et mes envies et appris à vivre avec peu voire pas de visibilité.

J’ai parfois dû affronter des circonstances sur lesquelles je n’avais aucune prise (pas seulement en période Covid), d’autres fois j’ai pris des risques par volonté de négocier dignement ma rémunération. N’oublions pas que pour certains la tentation est grande de vouloir rétribuer les auteurs en simple promesse de visibilité. L’écriture, telle que je la pratique, est un réel travail avec un déséquilibre inhérent entre le temps passé et l’argent perçu. Ceci étant la fourchette des tarifs est aussi large que les prestations sont diverses.

Je compare souvent ce parcours à une épreuve de fond. À force de persévérance et parce que je ne me suis pas écartée de la façon dont je conçois mon travail, des gens sont venus à moi et j’ai pu participer et initier des projets qui me tiennent à cœur. Ce style de vie à la campagne (qui comprend pour moi un jardin et le calme) est parfaitement adapté à mon activité.

Des soutiens ? coups de pouce perso ou du destin

Lorsque je me suis installée, une amie journaliste (rencontrée sur les bancs de la faculté) a publié un article dans Le Parisien. Antoinette Fouque, figure du féminisme et fondatrice des éditions des Femmes est tombée dessus à Paris et a été suffisamment motivée pour me retrouver (mes coordonnées n’étaient pas publiées). Elle m’a tout de suite appelée et proposé de travailler pour elle comme correctrice. Notre collaboration a duré plusieurs années et la relation avec cette maison d’édition a perduré. Ça, c’est typiquement un coup de pouce du destin. Et ce ne fut pas le seul !

Je dirais qu’il faut rester à l’écoute, savoir saisir les opportunités, prendre soin des liens et savoir aussi s’écarter en cas de nécessité – ce qui arrive fatalement. Dans ce cas, je mets en œuvre le précepte suivant : « Nos ennemis sont nos maîtres. » Si on accepte la situation, on voit qu’ils pointent du doigt ce que nous avons à travailler.

Côté soutiens, il y a mes parents qui après avoir eu peur pour moi m’ont épaulée. Il faut dire que lorsque je me suis lancée, j’avais un fils à élever alors âgé de 10 ans. Mon compagnon qui en tant que photographe connaît la réalité de mon métier et avec lequel je travaille parfois. Il y a aussi le soutien des ami(e) s qui croient en vous et vous le prouvent. L’une d’entre eux, qui est du métier et m’a un temps formée, me suit et m’épaule depuis toujours. À titre professionnel et personnel c’est extrêmement précieux. L’écriture est un chemin solitaire mais on ne se fait pas tout seul.

Les magazines auxquels je propose des sujets (Massif central magazine, Le Petit Gourmet, Détours en France, Les 4 saisons…) ou qui me passent commande m’ont permis selon leur périodicité de lisser un peu mes revenus, sans que j’aie toutefois de lien de subordination. Certaines rencontres ont débouché sur des projets plus conséquents. Les reportages nourrissent ma curiosité et l’ensemble de mon activité. Si cela m’ouvre de nouvelles perspectives tant mieux, si ça en ouvre à d’autres je m’en réjouis car c’est cette vitalité que je recherche et cultive.

La Haute Loire, pourquoi ? Originaire d’ici ?

Mon père est natif de Haute-Loire, ma mère de région parisienne. Après mon Bac, j’ai pratiquement bouclé un tour de France (comme les Compagnons) puis sans l’avoir prémédité je me suis installée à quelques pas du village où j’ai grandi. J’ai conservé des relations dans diverses régions ainsi qu’à l’étranger.

Comment, en habitant ici, atteignez-vous des clients d’envergure nationale ?

Au fil de mes pérégrinations, un tissu s’est formé, dans différents lieux et corps de métiers. Mon premier éditeur était du Gard, les autres sont à Rennes, Clermont-Ferrand, Le puy… Tous ou presque ont une diffusion nationale. C’est intéressant de commencer par un cercle extérieur. Ça élargit la perspective.

Depuis le début, Internet me permet de travailler à distance. J’utilise beaucoup moins la Poste qu’autrefois. En ce moment, par exemple, je prépare un livre avec des graphistes dont le studio est sur Paris. Quand elles sont ponctuées de vraies rencontres, les Visio ont du bon. Les outils sont ce qu’on en fait.

Comment vivez vous l’indépendance ? Gérer l’incertitude du lendemain, être seule face à vos problèmatiques d’indé…

Comme je suis d’une nature solitaire, tout en étant bien entourée, l’indépendance me va comme un gant. J’aime organiser mes journées. Beaucoup de gens sont encombrés par leur relationnel professionnel et voient ainsi leur énergie et leur temps dévorés. La liberté va avec la discipline, j’accepte son revers d’incertitude. Mais qu’est-ce qui est sûr ?

Le relationnel

avec les hommes… gérer les clients difficiles (des hommes, pour la plupart), supporter des positions patriarcales, est ce que ça change avec le temps, et après #metoo ? 

J’ai eu à gérer des clients difficiles au tout départ, souvent des hommes il est vrai, probablement parce qu’ils étaient plus nombreux en « responsabilités ». Cela aurait pu me briser, je me suis forgée. Avoir à estimer son travail exige de travailler l’estime de soi. D’autant qu’être auteur(e) – beaucoup le relatent –, c’est s’affronter au sentiment d’imposture. Mais, à mon sens, la rudesse des affaires n’est pas l’apanage d’un seul sexe.

avez vous été confrontée à des remarques défaitistes ?

Bien évidemment ! Mais comme pour les outils dont je parlais précédemment tout dépend de ce que l’on fait de ces remarques. Elles peuvent être décourageantes, blessantes, motivantes ou nous laisser indifférent(e). Tout dépend de notre état du moment.

Ce serait à refaire ? 

Ce matin, j’ai commencé par regarder le ciel. En prenant mon petit déjeuner, j’ai écouté en replay un entretien avec Boris Cyrulnik sur Le laboureur et les mangeurs de vent. J’ai soigné mes rosiers avant les pluies annoncées et me suis installée à ma table d’écriture. Le matin, ma pensée est plus vive. Après cette interview pour Strada, j’établirai une sélection de photos pour un reportage terminé hier. Je cuisinerai et ferai une sieste, les deux ont leur vertu. Puis, je poserai la trame d’un futur contrat d’édition en réfléchissant à la question des « droits annexes ». Si j’ai de l’inspiration et qu’il me reste du temps, je me pencherai sur des projets d’écriture au long cours. Ah oui, j’oubliais ! Je ne me suis pas demandé comment m’habiller ou me maquiller. Quand on œuvre à couvert, on se soucie moins de paraître. C’est très reposant. Demain sera différent d’aujourd’hui. C’est parce que j’aime profondément tout cela que je défends ce quotidien d’écriture. Mon Blog se nomme « sujet libre » !



Anne Mozin, graphiste.  « Rendre visible l’informel « 

Mettre en forme, sur le papier, une idée, un projet… en s’appuyant sur les spécificités de la structure ou de la personne qui les porte.  » Ça a un côté magique : rendre visible l’informel !

Votre parcours de femme entrepreneur

Après un bac E, 2 ans aux Beaux-Arts de St-Etienne et 5 ans à l’École Émile Cohl à Lyon, un premier poste de maquettiste à Villeurbanne. J’ai eu ensuite l’opportunité de revenir au Puy avec une proposition de travail à l’agence de communication TNT. Rentrée comme maquettiste, j’ai vécu là la révolution informatique qui a radicalement changé les paramètres de mon travail ! Je suis alors devenue responsable qualité.

En 2005 j’ai quitté l’agence, je me suis installée à mon compte comme graphiste indépendante, c’était le grand saut dans l’inconnu… S’en sont suivies 10 années de bonheur professionnel, émaillé de belles rencontres et de projets passionnants, grâce auxquels je suis réellement devenue graphiste.

Puis Ulrich Rampp, fondateur de l’entreprise Biofloral, m’a demandé d’intégrer son entreprise comme responsable communication et nouveaux projets : j’ai donc confié mon portefeuille clients à Clémence, la graphiste de Strada, et je l’ai suivi. Quelle aventure formidable ! Quelle équipe exceptionnelle ! J’ai adoré ce poste…

Je suis partie à la vente de l’entreprise, puis j’ai remonté mon entreprise en 2019… juste avant le Covid.

Dans tout ce que vous avez fait, vers quel type de travail va votre préférence ? 

J’ai la chance d’avoir un travail tellement varié que je n’ai pas vraiment de préférence : chaque demande est pour moi un challenge, dans lequel je m’implique complètement. Je ne m’ennuie jamais !

Votre statut, pourquoi le choix de ce statut ?

En tant que graphiste indépendante, je suis inscrite à la Maison des Artistes. C’est le choix le plus adapté, même si ce n’est pas le plus simple administrativement.

J’ai testé le salariat et l’indépendance, chacun a ses avantages et ses inconvénients. J’aime beaucoup le travail en équipe, mais j’apprécie autant d’être maître de mes choix… Les deux statuts m’ont donné de l’assurance : je suis à l’aise quand il faut travailler de façon coopérative en tant qu’indépendante, mais je sais aussi faire preuve d’autonomie au sein d’une entreprise.

Vos revenus ?  

Alors là, c’est le grand écart ! Ça va de 6000 € à 36000 € de revenus annuels en tant qu’indépendante, entre 2005 et 2015, avec une croissance régulière. Là ça redémarre tout doucement, je suis plutôt dans la fourchette basse, il faut un peu de temps (et moins de Covid !).

J’ai travaillé pendant 5 ans pour le groupe Accor, sur des hôtels MGallery, principalement des logos. C’était vraiment intéressant, mais ça n’a pas particulièrement boosté mon activité. D’une part parce que pour de telles entreprises les prestataires sont totalement interchangeables, d’autre part parce que je ne cherche pas à aller voir ailleurs : je préfère avoir une relation plus directe et engagée avec mes clients, la qualité du travail n’en est que meilleure.

Des soutiens ? coups de pouce perso ou du destin 

J’ai toujours eu la chance de rencontrer des personnes-clefs aux moments les plus opportuns : un prof de couleurs exceptionnel aux Beaux-Arts, mon super prof de graphisme à Émile Cohl, des collègues particulièrement attentionnés qui m’ont tant appris, mes employeurs qui m’ont poussée à aller toujours plus loin… Quant à mes clients, ils m’ont offert leur confiance, certains sont d’ailleurs devenus des amis ! J’ai pu grandir professionnellement sur un terreau riche, on peut dire que le destin m’a été plutôt été très favorable…

Pourquoi des aller retours entre travail salarié et indépendant ?

Je ne me sentais plus à l’aise dans l’agence où j’etais salariée, je n’avais plus les moyens d’avancer. Je ne connaissais pas les gens pour lesquels je travaillais puisque les dossiers passaient d’abord par le marketing. Ça a fini par vraiment me peser, ça et une pression au travail de plus en plus forte. J’avais envie d’autre chose, de rencontres plus riches de sens, d’avoir la main sur ce que je faisais.

Quand j’ai dis oui à Biofloral, pour le poste de responsable communication, c’était parce que j’avais l’assurance de conserver une certaine autonomie avec le confort du statut de salarié, et c’est exactement ce qu’il s’est passé. Je connaissais l’entreprise pour avoir longtemps travaillé pour elle, ça me plaisait.  C’était vraiment une très belle expérience, mais que je savais ne pas pouvoir continuer après son rachat. Oui, j’ai peut-être agit sur un coup de tête en partant de Biofloral, mais cela a été fait dans les meilleures conditions au bon moment, et je ne le regrette pas. La belle équipe que nous formions m’a laissé un super souvenir que je ne suis pas prête de l’oublier !

Et puis je n’ai jamais lâché mon métier de cœur, le graphisme, j’ai toujours trouvé matière à le développer.

La Haute Loire, pourquoi ? Comment, en habitant ici, atteignez vous des clients d’envergure nationale ?

Je suis née ici, j’y ai grandi, je m’y suis mariée, j’y ai mes parents, mes amis… j’y suis bien. Je n’ai aucune envie d’aller voir ailleurs. Ce n’est pas de la frilosité, je suis assez curieuse de nature ; plutôt le sentiment que je suis à ma place. C’est une chance !

Je ne cherche pas particulièrement à démarcher au-delà de la Haute-Loire. Il m’est arrivé de travailler pour des entreprises ou des administrations d’autres régions (ou d’autres pays), mais ce sont elles qui m’ont contactée, et c’était souvent en relation avec des projets sur lesquels j’étais déjà intervenue.

Ici, il y a tant de gens qui ont des choses à dire ou à faire… Il n’y a qu’à lire Strada pour le constater !

L’indépendance : gérer ses horaires, gérer l’incertitude du lendemain, être seule face à vos problèmatiques d’indé, comment le vivez vous ?

L’indépendance, c’est beaucoup de travail et encore plus de temps ! Il m’est régulièrement arrivé de faire des semaines de 50 heures et plus… Sans compter toute la partie administrative qui est tout de même bien chronophage, surtout quand on aime bien comprendre le pourquoi du comment. Du coup, je n’ai pas trop le temps de me poser des questions, quelque part tant mieux.

Et puis je peux compter sur mon mari, qui me soutient activement : je ne suis pas seule, là aussi je mesure la chance que j’ai !

Le relationnel

  • avec les hommes… gérer les clients difficiles (des hommes, pour la plupart), supporter des positions patriarcales, est ce que ça change avec le temps, et après #metoo ? 

Alors là, je n’ai rien à dire : je n’ai jamais été confrontée au moindre problème particulier de la part des hommes pour lesquels j’ai travaillé en tant qu’indépendante. Je ne fais pas la différence avec les femmes, il y a toujours eu de l’estime et de la confiance. S’il m’est arrivé d’avoir en face de moi des personnes au caractère assez affirmé, j’ai toujours pu trouver une porte d’entrée pour un travail efficace et serein. Non pas que j’ai des dispositions particulières, mais je fais passer l’aspect professionnel avant tout le reste, bien consciente que si on fait appel à mes services il serait contre-productif de vouloir forcer les choses. Bon, parfois il faut tout de même une bonne dose de patience, j’en conviens…

Je suis loin du féminisme actuel, je le trouve un peu trop radical. Entendons-nous bien, je ne nie pas les problèmes qu’il y a, et la violence n’a aucune excuse, quelle qu’elle soit. Mettre tous les hommes dans le même panier, c’est faire preuve d’un manque de nuance qui est en lui-même une violence, je ne peux y souscrire.

  • avez vous été confrontée à des remarques défaitistes comme  » tu ferais mieux de rester salariée »

Eh… non, j’ai plutôt eu pas mal d’encouragements, malgré mes revirements professionnels un peu radicaux ! Bon, maintenant mes parents et amis me connaissent, ils savent que quand j’ai une idée en tête en ce qui concerne mon plan de vie, il n’est vraiment pas facile de me faire changer d’avis…

Si c’était à refaire ? 

Aucun regret, ce serait à refaire je ne changerai rien ! Même repartir quasiment à zéro me plaît assez, malgré les difficultés actuelles pour travailler.

J’ai remarqué que le fait d’être indépendante change le regard des autres – du moins en ce qui me concerne. Mes clients me traitent toujours d’égal à égal, avec respect, et franchement c’est un sacré confort de travail, que j’apprécie tous les jours !

J’ai aussi des projets plus personnels, en résonance avec les talents de mon entourage (dont Laurence et Corinne bien sûr) C’est encore assez flou, mais tout est envisageable…


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