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Le 19 juin 2020
Il a retrouvé le château de Bilhard !
Esteban Teyssier, professeur d’histoire géographie, travaillait il y a deux ans à l’écriture d’un mémoire sur le thème de la seigneurerie de Monistrol-sur-Loire (IXe-XVe siècle) dans le cadre de son master de recherche en histoire et archéologie. Par hasard, des indices l’ont mis sur la piste de l’implantation d’un lieu stratégique. Grace aux recherches de cet étudiant inspiré et opiniâtre, le château de Bilhard, un château recherché depuis près de 300 ans par des historiens locaux, a été mis à jour. On peut même visiter le site.
Une enquête dans les minutiers du XVème siècle
Esteban Teyssier consulte des documents notariaux aux archives départementales. De grandes pages dans un vieux papier un peu parcheminé, couvertes d’une écriture tracée à la plume d’un encre passée, virant sur le bronze. Dans un minutier de 1454 on lit une référence au chateau : « Mathieu Tailhefer tenait les moulins des côtes de la censive du seigneur de Martinas. Son fils tenant le moulin situé plus bas au confluent de deux ruisseaux, de Grangevala et des Chauveaulx, au lieu-dit du château vieux ». La même année, le terroir du château vieux est de nouveau mentionné en ces termes « il y avait un chemin du château au château vieux, dans les côtes et plus en arrière » qui précise encore l’emplacement. Le nom des deux ruisseaux a changé mais ils sont reconnaissables, on sait qu’il s’agit du Piat et du saint Marcellin.
A partir de cette information, Esteban Teyssier initie des prospections en 2017. « Une fois sur les lieux, la mise en évidence de marqueurs anthropiques laissaient présager d’une occupation humaine. »
Un chantier de fouilles concluant.
Eté 2019, le chantier de fouilles, une douzaine de personnes sous la conduites du jeune chercheur commence à affirmer qu’on se trouve bien sur l’emplacement d’un ancien château, et d’un site beaucoup plus grand que ce qu’on pouvait présager au début des recherches.
Que découvrent-ils ?
En pleine forêt, sur un éperon rocheux en position dominante, des anciens murs ont laissé une trace dans la terre. Le bois des structures a disparu, pourrissant avec les années, mais sa présence à laissé comme une inscription en négatif dans la terre, la structure de l’édifice apparait alors sous les yeux des chercheurs.
L’emplacement sur un point haut, la taille et l’organisation de la structure signent ce qui fut probablement un château construit en bois.
Mais la présence de mobilier, des céramiques en quantité énorme, montrent une occupation qui a commencé pendant la protohistoire, entre 800 et 300 ans avant notre ère. Une nouvelle occupation à l’époque médiévale est évidente. Le carbone 14 date l’abandon du site probablement aux alentours des années 1020 mais quand exactement a-t-elle débuté, nous ne le savons pas encore…
Qu’y a t-il à voir aujourd’hui ?
« Le site est assez parlant pour quelqu’un qui sait lire l’archéologie, » observe Esteban Teyssier. « Si on a l’oeil et quelques explications, on peut voir les traces d’anciens bâtiments. »
Des pierres dressées, connues par les habitants, sont présentes sur le site. Pour l’archéologue, pas de menhir ou dolmen, que du naturel : il s’agirait d’une anomalie géologique. Mais c’est sûrement grâce aux légendes attachées à ces pierres que le « vieux château » n’est pas tombé dans l’oubli.
Le travail d’Esteban Teyssier serait assez inédit : « Le nord ouest de la Haute Loire souffre d’un vide de recherche historiographique, et particulièrement sur la période médiévale » regrette le chercheur. Il compte apporter un nouvel éclairage sur l’histoire médiévale du IXe et Xe siècle avec une thèse qu’il commencera à rédiger en septembre.
L’entrée du site, en contrebas du château actuel, longe le nouveau cimetière. Le terrain appartient à la commune de Monistrol sur Loire et est ouverte à tous.
Dessin d’Esteban Teyssier. Restitution non scientifique, imaginée à partir d’observations faites sur le terrain.
De nombreuses pierres dressées, de dimensions imposantes parsèment le site.
Les images du site :
Les pierres de Bilhard
LIEU MAGIQUE
Des pierres dressées, « d’origine naturelle » selon le chercheur Esteban Teyssier, ont inspiré 3000 ans d’histoire ayant trait à ce site remarquable sous le châteaux de Monistrol sur Loire.
Un ermite aurait habité un temps dans une grotte que nous n’avons pas trouvée.
Saint Marcellin au VIe siècle, evangélisateur de la contrée, aurait transformé le diable en pierre. Il aurait fait ici des miracles et ses reliques auraient attirés de nombreux pélerins locaux.
Au croisement de deux ruisseaux mais aussi de deux courants énergétiques, le site interessera les géobiologues.
Une grande pierre dressée regardant vers l’amont rappelle un profil de statue de l’île de Pâques.
Des cupules, creux taillés dans la roche (photo ci dessous), signent pour certains un lieu de culte de la protohistoire. D’autres voient dessinée la retranscription de constellations. Quoiqu’il en soit, les pierres invitent à s’assoir, admirer le lieu et observer le ciel.
+ de photos du lieu magique :
Posté par Joëlle Andreys