Le 13 septembre 2018
Le défi des volumes
L’AVENIR DE LA BIO, LE DÉFI DES VOLUMES, CONFÉRENCE-DÉBAT PROPOSÉE PAR CELNAT, À L’OCCASION DE LA FÊTE DES MOISSONS BIO, A ACCUEILLI DES INTERVENANTS DE HAUT NIVEAU. NOUS PARTAGEONS AVEC VOUS DES EXTRAITS DES ÉCHANGES DE CE JOUR JOYEUX, INSTRUCTIF ET PLEIN D’ESPOIR.
L’agriculture au singulier n’existe pas
Il y a 5 000 à 10 000 ans, on inventait partout dans le monde des agricultures différentes. Celle du croissant fertile (la Mésopotamie, qui regroupe en partie l’Iran, l’Irak et la Syrie)
a donné le cadre qui fait convention aujourd’hui auprès des institutions, et en particulier dans les milieux tempérés : c’est l’agriculture conventionnelle que l’on connait, qui s’est basée
sur une culture pure (NDLR : c’est-à-dire des champs qui n’accueillent qu’une seule culture à la fois).
Science systémique
On manquait de main-d’œuvre, alors on a mécanisé. Mais dans une société qui connait le chômage, le modèle conventionnel a quelque chose de criminel.
Steiner, Pfeiffer, Howard… Ces fondateurs de l’agriculture biologique ont voulu sortir de la vision réductionniste de l’agriculture conventionnelle qui cherche à contrôler, à réduire le réel à des modèles simples. Ils se sont dirigés vers une science systémique où le vivant, l’humain et les techniques sont en relation.
Coexistence avec le sol
Regardez comment fonctionnent les plantes. Elles sont en coexistence avec le sol. Or le sol assure seul sa fertilité, du moment que :
– les légumineuses apportent l’azote de l’air,
– les animaux, le phosphore,
– les arbres vont chercher le potassium dans le sol.
Si l’on considère le système dans son ensemble, si l’on respecte la diversité du vivant, alors le sol n’a pas forcément besoin d’apports.
Le vivant comme l’élément essentiel
L’agriculture bio, ce n’est pas de l’agriculture sans chimie, l’agriculture au singulier n’existe pas.
En bio, on cherche à travailler avec le vivant comme l’élément essentiel de l’agriculture. C’est une démarche subversive, et également solide : les agriculteurs qui démarrent en bio constatent que l’interaction avec le vivant fonctionne et ils ne reviennent pas en arrière.
L’agriculture bio n’a pas à avoir peur de la croissance.
Oui, nous allons avoir des rendements suffisants sans chimie, mais il faudra plus de rotations de cultures, plus d’associations culture/élevage, et ouvrir de nouvelles filières. Je suis convaincu que dans 10 ou 20 ans les fermes bio vont beaucoup mieux s’en sortir que les fermes en conventionnel.
Accompagner les agriculteurs
Pour que la bio fonctionne et se pérennise, toute la filière, les sociétés agroalimentaires et les consommateurs doivent évoluer. Ne laissons pas les agriculteurs se débrouiller seuls
dans leur coin :
– Fournissons-leur des semences appropriées qui se réadaptent au milieu, en réhabilitant notamment des variétés anciennes,
– Fournissons-leur des outils adaptés,
– Réorientons vers la bio les subventions de la PAC qui sont actuellement dirigées vers la chimie,
– Osons le changement d’échelle, comme l’a fait Celnat en intégrant le groupe Ebro Foods,
– Changeons nos habitudes de consommateur.
En choisissant de privilégier des valeurs dans nos achats, et en ajoutant de nouveaux produits, des goûts différents dans nos recettes, alors on peut sortir du cercle vicieux de l’agriculture réductionniste. On peut y arriver.
Anthony FARDET Chercheur clermontois en nutrition. Sa première apparition dans STRADA date de l’été 2017 alors que son livre « Halte aux aliments Ultra-Transformés, mangeons vrai’ venait tout juste d’être publié. Depuis, il a fait plus de 4 millions de vues avec une video du Nouvel Obs sur son approche du Manger vrai.
Aujourd’hui l’alimentation remplit nos besoins nutritionnels, mais les aliments Ultra Transformés (U. T.) menacent la durabilité de toutes les dimensions de la vie sur terre.
Plus les populations consommeront des produits U. T. plus des catastrophes sanitaires vont se produire. Nous constatons que l’espérance de vie théorique a augmenté mais pas l’espérance de vie en bonne santé, qui est de seulement 64,5 ans pour les femmes.
Dérégulations métaboliques et maladies chroniques progressent, l’obésité aussi. Cette évolution est concomitante avec l’arrivée sur le marché des aliments U. T. souvent marquetés comme si ils étaient des produits sains. Ajoutons au manque d’éducation nutritionnelle, une approche dogmatique et réductionniste des aliments.
Pour une nutrition préventive : l’approche holistique
Nous ne nous nourrissons pas de nutriments mais d’aliments : le tout est supérieur à la somme des parties parce qu’il y a du lien entre les différents éléments. Manger une amande entière ce n’est pas manger de l’amande en poudre, entre les deux, il y a l’effet matrice.
Par exemple,
le grain de blé avec sa matrice contient 34 anti oxydants. Ils fonctionnent en synergie (c’est-à-dire qu’ils sont opérants si ils sont ensemble). Ils sont aussi multifonctionnels. En utilisant l’ensemble du grain de blé dans la fabrication du pain, on obtient un pain plus dense, à l’index glycémique plus faible.
Voici 3 règles simples pour bien manger
manger VÉGÉTAL / manger VRAI / manger VARIÉ
Comment reconnaitre les Fake foods pour mieux les éviter ?
Lorsqu’on lit sur l’étiquette la présence d’au moins un agent texturant, un additif de goût ou un colorant, on est en présence d’un aliment U. T. Pas à bannir, mais à éviter.
Le pouvoir est entre nos mains : les lobbyes sont impuissants si nous décidons de ne pas acheter leurs produits.
L’essentiel de notre travail consiste à rester simple, à garder le produit dans sa simplicité.
En allant au devant des agriculteurs on comprend mieux leur produit et du coup on le cuisine mieux.
C’est un grand bonheur de nourrir les gens.
Je suis optimiste, la nouvelle génération de chefs est attachée aux produits simples et bons. Les habitudes changent et le plaisir de manger devient un indicateur de la qualité de l’alimentation. La future Cité internationale de la gastronomie (ouverture à lyon en 2019) est pensée pour être un lieu de rencontre des acteurs de la filière pour échanger, imaginer et concevoir la cuisine de demain autour du thème ‘Santé – Nutrition – Plaisir’.
Celnat crée un fond de dotation pour favoriser, par le biais
de partenaires associatifs (Terre de Liens Auvergne et Haute-
Loire biologique), le développement d’une agriculture bio
paysanne, et améliorer encore la qualité et la quantité des
productions. Le conseil d’administration réunit Jérôme Celle,
directeur, Marjolaine Cevoz-Goyat, présidente, deux salariés
de l’entreprise Celnat, deux agriculteurs, Marc Benoit de
l’INRA, et Etienne Josien, directeur général adjoint de VetAgro
Sup à Clermont.
Une belle mise en synergie de professionnels de la filière, du
monde de la recherche et de l’enseignement.
Posté par Joëlle Andreys