Le 21 juin 2018
Tourisme vert & changement de vie
Ils ne se connaissaient pas encore mais nourrissaient déjà, chacun de leur côté, la même aspiration : l’envie de partager un jour cette chance incroyable d’habiter dans les paysages magnifiques de Haute-Loire, en accueillant du public dans
un lieu qu’ils auraient imaginé. Plusieurs années plus tard, Sophie et Laurent sont mariés, ont trois enfants et habitent dans une maison traditionnelle en pierre à Monedeyres. Ils ont aussi acheté une prairie avec vue sur les sucs du Velay volcanique, avec toujours cette idée, d’un jour, peut-être, y construire des cabanes dans les arbres ; à défaut, ce sera toujours un pré pour leurs deux ânes.
Un passage à vide dans leurs carrières respectives les incite à revisiter leurs premiers rêves. Après beaucoup de réflexions, l’élaboration d’un projet architectural, le montage de dossiers pour les demandes de subventions et la phase de travaux réalisée en un temps record, leurs Bulles d’herbe ont éclos ce printemps. Ces trois hébergements insolites ouverts à la location de courts séjours répondent au paradoxe de se fondre dans la nature tout en offrant un panorama grandiose.
Réaliser un rêve commun
« Nous avons voulu construire quelque chose de durable et de qualitatif. C’est pour nous un investissement colossal, mais ce
projet n’est pas pour s’en mettre plein les poches mais pour réaliser un rêve. On ne sait pas ce que l’avenir nous amènera, mais
depuis que j’ai lâché mon boulot, je revis ! » Sophie, en disponibilité de son travail de professeur d’EPS, a monté une EURL (une
entreprise unipersonnelle). Depuis 13 mois, tous les jours elle est présente sur le chantier et travaille près de 14h par jour ; le bardage
bois côté sud, c’est elle, les habillages de pierres sèches, c’est elle aussi, et plein d’autres choses : « En fait, j’apprends en
faisant ! ». Laurent n’est pas en reste. Ingénieur territorial pour l’agglomération du Puy, il maîtrise la conception, connaît
les corps de métiers, les matériaux… et sait gérer les chantiers. C’est aussi un manuel, passionné de métal, qui a monté son propre
atelier en micro entreprise : l’Atelier du fer luisant. Tous les deux, ils forment un duo de choc, de vrais partenaires de vie, dans le
couple et dans le travail.
Une belle leçon de vie pour les enfants
Les enfants, de 9 à 13 ans, apprennent beaucoup de cette expérience. Ils participent aussi à leur niveau : ils sont devenus spécialistes de la préparation de salades et de pains, étendent les lessives, gagnent en autonomie. « Nous leur racontons tous les soucis du chantier et ils en tirent des connaissances, en particulier que rien n’est jamais grave dans l’absolu. Ensemble, on franchit les obstacles, on résout les problèmes… », raconte Sophie. Le prochain exercice pour les trois loulous sera de sortir de leur microcosme, de leur vie de « petits sauvages » à l’écart du village, pour s’ouvrir aux personnes qui viendront se ressourcer à Bulles d’herbe.
Sur le site de STRADA, découvrir la construction d’une maison en A
Les réalisations de l’architecte Alexis Monjauze portent sa signature ; souvent, ses toitures dessinent une vague au-dessus d’une habitation aux larges ouvertures.
Pour les Bulles d’herbes, Sophie et Laurent ont préféré, disent-ils malicieusement, la forme de la taupinière. Ils n’ont pas tort : de dos, n’apparaissent que des buttes de terre bientôt recouvertes d’herbes folles, et seule une étroite cheminée indique qu’il y a de la vie là-dessous. De face, une courbe délicate délimite le sommet de la ‘Bulle’. Techniquement, c’est cette intégration dans le paysage qui fut la plus complexe à mettre en œuvre ; elle a généré de gros mouvements de terre pour recouvrir les zones construites, faire monter le terrain sur une toiture assez solide pour le supporter, et à l’étanchéité étudiée.
L’orientation sud, modulée légèrement pour chaque habitat en fonction de la vue, permet un ensoleillement maximum des pièces. L’avancée du toit, la ‘casquette’, évite la surchauffe l’été. Des brise-soleil orientables, planqués derrière le bardage, adoucissent les apports solaires de la mi-saison : « En octobre, sans brise-soleil, et sans chauffage autre que le soleil, nous avons atteint une température intérieure de 27° », témoigne Sophie, ce qui prouve que l’isolation est efficace : laine de bois dans les murs et sous plancher.
Du bois local traité à la japonaise
‘Shou-Sugi-Ban’, ça vous parle ?
Une technique japonaise de bois brûlé qui garantit un traitement naturel et durable contre les champignons, les insectes xylophages et les incendies. Oui, un bois déjà brûlé en surface ne prend pas facilement feu ! Mais surtout, la teinte noire qu’il arbore va durer dans le temps. Fini les teintes chaleureuses qui virent au gris de façon anarchique. Sophie a passé au chalumeau tous les bois de bardage en Douglas des 3 Bulles. Trois minutes par planche, a-t-elle compté. Puis brossage au balai à poil dur pour faire ressortir les veines, et finition par l’application d’un mélange huile de lin et essence de térébenthine. Puis deux autres passages lorsque le bardage est en place. Il faut être un peu fou ou inconscient pour se lancer dans des techniques aussi contraignantes mais on doit reconnaître que l’effet est magnifique. Bravo Sophie. La technique ‘Shou-Sugi-Ban’, on retient.
Bulle de pierre, Bulle d’arbre, Bulle d’eau
Pour les trois Bulles, une grande ouverture sur le ciel, et, plein sud, le regard qui débaroule la pente herbeuse pour se perdre dans la contemplation des sucs. Comme une ode à la nature, chacune d’elles est dédiée à un univers : minéral, végétal,
aqueux. La décoration s’en inspire.
– La Bulle d’arbre arbore des troncs de bouleau disposés verticalement autour du poêle à bois. Les portes des placards de la cuisine sont en noyer (sur des caissons Ikea). Aspect bois flotté pour le plancher. Pour les portes intérieures en Douglas,
Sophie est ravie de ne pas les avoir achetées à une entreprise revendeuse de menuiserie industrielle : Grégory Fouvet les a fabriquées lui-même.
– La Bulle d’eau est construite en bord de rivière, toute en courbes, en transparence, avec des galets.
– La Bulle de pierre a d’imposantes orgues basaltiques disposées autour du poêle !
Inspiration zen et soins bien-être
Leur propre façon de goûter les vacances en famille a orienté les choix. À Freycenet-la-Cuche, ils avaient adoré dormir dans la cabane perchée, nichée dans les arbres. Ils en ont gardé l’esprit d’un habitat pleine nature.
Quand ils ont goûté aux plaisirs du jacuzzi, ils auraient voulu ne l’avoir que pour eux, et s’y plonger au milieu de la nuit. Ce sera jacuzzi privatif pour chaque Bulle. Le sauna, bon complément, est encore en kit mais il sera bientôt installé.
Pour apaiser sa maman souffrant d’un œdème, Sophie pose ses mains et la masse, instinctivement. Elle découvre que ses deux mains, lorsqu’elles sont animées par son envie de faire du bien, se transforment en un outil génial, une capacité que tout le monde possède, mais qu’on omet trop souvent. Alors qu’elle avait une approche de sportive, considérant le corps comme une machine, elle apprend l’écoute de soi, décide de changer sa perception. Elle se forme avec application pendant une année dans l’apprentissage d’une technique de massage qu’elle juge fiable et subtile. Magie de la vie ? Cette ouverture à l’art du massage tombe à point pour ajouter une dimension soins bien-être à l’offre de séjour des Bulles d’herbe. Une architecture atypique – un zome, connu pour ses propriétés énergétiques – abritera deux tables de massage pour permettre aux couples qui le souhaitent de profiter d’un massage côte à côte.
Sophie Chabanel 06 03 11 58 39
www.bullesdherbe.fr
LES ARTISANS DES BULLES
Charpente et menuiserie intérieure : Fouvet Charpente à Saint Julien du Pinet.
Fournisseur bois : D.Michel à Yssingeaux. Du douglas, de l’érable et même du séquoia d’Arsac en Velay.
Le mobilier : L’Atelier du Fer Luisant.
Laurent Chabanel, le mari de Sophie, a réalisé les mezzanines en fer forgé, les tables, les meubles de salle
de bain, quelques accessoires de décoration comme les luminaires ou porte-manteau ci dessus.
photos Joëlle ANDREYS
Posté par Joëlle Andreys
Paule CHABANEL - 17 juillet 2018
J’aime énormément votre magazine que je collectionne précieusement?
Cette revue est très recherchée au pays de Montfaucon, serait-il possible que vous nous en laissiez plus la prochaine fois ?
Merci de ce que vous pourrez faire.