Le 13 septembre 2013
Ce trimestre automnal qui s’annonce nous fait remembrer (remembrance / la mémoire) les éphémères douceurs de l’été. C’est à la lettre B que nous allons tenter de faire hommage par trois mots de la lingua occitana. B, comme le baisar de l’amoureux, B comme la becassa qui donne vie à la croûle (la passée des bécasses à la nuit tombante) et aussi B comme le chantre occitan du théâtre libre, honoré par Philippe Caubère en ce juillet 2013 en Avignon, qui nous offrit un exceptionnel Mémento occitan d’André Benedetto :
Fantômes d’un pays qui n’a pas existé Autrement que par sa culture et par sa langue L’Occitanie dans sa robe de sel et d’ocreAbandonnée de tous vous rend ici visite
Les textes qui les suivent sont des créations de circonstance, « à la forme des chansons de geste » agrémentées d’un peu de modernité grivoise. Les mots en italique soulignés vous exposent la polysémie des termes et constituent les traductions les plus communément admises.
Baisar
Aurais-je jamais le courage de lui conter qu’aux ourlets de sa bouche Mes lèvres assoiffées s’enhardissent à espérer ses douceurs ? La prime aube de mon amour fait tant solitaire ma couche Dans l’espérance insatiable de sa tendre ardeur. J’augure un lendemain qui débouche Sur le sourire du bonheur D’un baiser louche. Becassa Le regard élargi aux lueurs crépusculaires La main assurée sur le noyer de la crosse Un nemrod asservi à ses oculaires A la croûle perçut l’évanescente rosse. La bécasse en ses glanages pendulaires De la frondaison vers les jarosses Vint narguer de ses ondes ailaires Notre hérault bien peu véloce. De retourner aux chasses ancillaires Se décida notre St Hubert trop précoce. Bordèu Averti de mon âge d’homme par une digne « bleta » Mon père attentif au bon usage de ma « bica » A mon étonnement adolescent confia le remède de la « brandar » Sentant mes amitiés trop prudentes, il me mena au « bordèu ». Là, gente et opportune dame me proposa sa « boca » Par de suaves et répétées assimilations me fit « benerança » Atteignant l’extase à la vie d’ange de ma « bassaqueta »Posté par Georges DUSSAUCE