Connaissance de soi, Parentalité
Le 09 décembre 2012
La problématique du dominant / dominé est une constante des relations humaines. On la croise en entreprise, dans la famille, au sein du couple, comme à l’école. L’exemple de …. est l’occasion d’exposer les caractéristiques du phénomène du souffre-douleur, et de vous donner quelques outils pour ne pas en être victime ou pour en déjouer les pièges.
Lorsque Raphaël arrive en 6ème, les résultats scolaires ne sont pas à la hauteur de ce que l’on attend de luI.
Pour le sortir de l’ornière, ses parents l’inscrivent en soutien scolaire à l’espace Grenouillit au Puy. C’est Germain Montero, le directeur du centre, qui le suit en français, et là, l’enfant se met à parler d’autres choses. Il raconte à ce professionnel de la relation d’aide que pendant ses années de primaire il a subi une situation de racket de la part de ses camarades d’école. Depuis, Raphaël fait des cauchemars.
Les parents lui confient alors Raphaël pour un coaching d’une vingtaine d’heures. L’objectif : permettre à leur fils d’y voir plus clair, l’aider à franchir un passage délicat, et apprendre comment mieux l’accompagner dans son évolution.
Sortir de la situation de victime / Le coaching de Germain Montero, suivant l’enseignement de Jacques SALOMé
«Il faut d’abord prendre conscience du contexte et de sa banalité : que l’on s’attaque toujours au plus petit que soi, et que l’union fait la force. Dans le groupe dominant il y a un leader qu’il faut savoir identifier. La victime, sera plutôt une personne isolée, avec des difficultés relationnelles, caractérisées par le manque de confiance en elle.» Dans le cas de Raphaël, il subissait le plus fréquemment le racket du goûter assorti de menaces de représailles physiques ; « donne moi ton goûter où je te casse la gueule » et de messages de dévalorisation, de culpabilisation « tu es nul, tu ne sers à rien, tu es complètement inoffensif ». … obtempérait et allait se plaindre. Il confie qu’il n’a pas obtenu l’aide qu’il attendait. « l’attitude des adultes m’a fait de la peine » dit-il. Germain Montero lui fait alors prendre conscience que la plainte favorise l’immobilisme.
1 – On décide de stopper l’auto-dévalorisation, la culpabilisation, d’arrêter de recourir à la victimisation.
S’ESTIMER La méthode ESPERE de Jacques Salomé apprend à rendre le message-poison que l’on reçoit par la parole symbolique « ce que tu me dis n’est pas bon pour moi, je te renvoie tes mots, je les remets chez toi », ou bien en écrivant tout ce que l’agresseur a dit. Le papier devient une poubelle relationnelle qu’il convient de vider régulièrement ; on peut déchirer ce papier, le brûler, le jeter, l’enfouir, le remettre à l’agresseur.
2 – Ensuite, même si ils sont 15 en face, on se positionne par la communication, on acquiert une posture de battant.
S’AFFIRMER « Derrière toute peur se cache un désir » écrit Jacques Salomé dans Passeur de vie. On apprend à gêrer sa peur intérieure en affirmant ses désirs. Dans le cas de … , il dira : « non, je ne te donnerai pas mon goûter » (même si tu me casses la gueule, parce que le désir de garder mon goûter et de m’affirmer est plus fort que ma peur.) Si l’on doit se battre c’est contre le leader. Et si on perd ? on aura pris un ou plusieurs coups mais on en aura sans doute mis aussi ; on aura montré qu’on n’a pas peur, enrayant la toute puissance infantile de l’agresseur ; on aura dedoré sa confiance en soi, son estime de soi.
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L’ex-victime « Je ne suis pas le seul a avoir subi ça. Un autre camarade se faisait frapper régulièrement sans que personne ne lui vienne en aide.
Sa mère « Dans cette école mon fils n’était pas le seul souffre douleur. C’est scandaleux que la direction n’ait pas faire quelque chose. Ce que j’aimerais par dessus tout c’est que les enseignants prennent conscience qu’ils n’ont pas pour seule mission de pousser les enfants à l’excellence. Je pense qu’il est bien plus important de faire en sorte que les enfants apprennent à vivre ensemble. »
L’avis du psy Jean-Nicolas Joyau A l’école, on trouve ce qui pourrait faire penser à nos inégalités d’adultes en version poussin. Mais pour bien penser chaque situation de souffrance de nos écoliers, on doit faire l’exercice de se défaire de nos modèles : l’école et ce qui s’y passe n’est pas le couple ou l’entreprise en petit. Quand deux enfants poussent les rôles du bourreau et de la victime au mépris du respect de « je suis quelqu’un, j’ai des désirs, des droits, des limites et des obligations… », il serait dommage pour l’intelligence de trop simplifier : le« dominant dominé » n’est pas une perversion de la relation humaine. Il s’agit ici pour chaque enfant de trouver sa place (pas uniquement celle de victime ou de bourreau), et de trouver autour de soi de quoi nourrir et soutenir une existence qui ne confine ni à la destruction de son monde mental, ni à l’idée que pour survivre il faut anéantir ses faiblesses. Il y a évidemment celui qui souffre du racket, et puis celui qui souffre de n’avoir rien trouvé d’autre que le racket comme source de plaisir. L’un et l’autre ne sont pas si différents qu’on peut le penser à priori. Jean-Nicolas JOYAU est psychologue-clinicien au Puy en Velay 3, av. André Soulier Tel. 04 71 06 05 25
Posté par Joëlle Andreys