Le 17 juin 2013
En général, les références à notre animalité portent une connotation dévalorisante et violente ; on évoque la bassesse de nos instincts primaires, la rudesse de la compétition entre mâles pour séduire les femelles, la sauvagerie des prédateurs… Et si, comme Darwin l’a argumenté, il y a continuité entre les fonctions cognitives animales et humaines, alors nous vivons dans un monde impitoyable ! Pour rester en vie, faire partie des meilleurs, de ceux qui perpétueront l’espèce, on devrait se livrer des luttes sans merci.
Et moi, j’ai pas envie.
À Strada, on préfère voir les verres à moitié plein que ceux à moitié vide, tirer profit des expériences positives au lieu de s’apitoyer sur notre sort. En matière d’éthologie aussi, on a plutôt tendance à repérer chez les animaux des stratégies de coopération au lieu de fonctionnements concurrentiels et égoïstes… dans la famille rouge-gorge par exemple on observe que les parents participent à part égale à la construction du nid et au nourrissage des petits ; au sein d’une colonie, des tisserins d’Afrique, posés en rang le long d’une branche, passent les fruits de l’arbre à ceux qui ne peuvent les atteindre ; plusieurs espèces de mésanges, associées à des sitelles et des passereaux, s’organisent en ronde pour chasser ensemble ; Olivier Putz, notre rédacteur-naturaliste, nous a raconté comment renards et marmottes cohabitent sur le même territoire, s’en partageant les ressources, les renards – prédateurs des marmottes – ne croquant pas leurs accueillantes voisines mais, quand le besoin s’en fait sentir, allant chercher pitance plus loin dans le vallon… L’homme, en matière de coopération, ne fait-il pas mieux que ses congénères du règne animal ?
A Strada, nous rencontrons régulièrement de drôles d’oiseaux qui laissent présager d’horizons plus pacifiques et solidaires. Dans la famille des entrepreneurs, des oiseaux rares réinventent la façon de travailler ensemble et de partager les richesses produites. (c’est notre sujet entreprise Partager pour aller plus loin, page…). Leurs gènes confiants et généreux modifient nos perspectives d évolution*. Darwin en bégaie de confusion et nous, quand les comportements s’affranchissent des normes de domination au profit d’un idéal de bien-vivre ensemble, et bien, on applaudit des deux ailes. JA
* Le modèle de Darwin, qui argumente la théorie de l’évolution à partir de la «sélection naturelle» et de la «sélection sexuelle», a été controversé notamment par Joan Roughgarden dans Le gène généreux,pour un darwinisme coopératif.
Posté par Joëlle Andreys
Robert - 26 juin 2013
Il est évident que l’on peut dépasser tous les clivages, qu’ils soient religieux, politiques, de genre, linguistiques et autres à partir du moment ou l’on n’entre pas en compétition (qui se nourrie de notre suffisance).
Comme dit si bien Albert Jacquart (d?) « Si on accepte la compétition comme moteur, alors on est obligé d’accepter la violence… »
Ours Maçon - 26 juin 2013
Joëlle et toute l’équipe de Strada,
Nous vous remercions vivement pour votre article sur le concert d’Yvan Marc et Lisa Portelli ; Bravo pour les photos d’Hubert et la vivacité de ces mots.
Bonjour l’équipe de STRADA ! L’Ours Maçon est aussi un drôle de plantigrade, accueillant les Ours Nambules, les Ours Polards, les Music’Ours, les Cuist’Ours, tous aussi pacifiques les uns que les autres, qui partagent pour aller plus loin comme vos drôles d’oiseaux ! Amitiés – Françoise et l’équipe de L’ours Maçon à Tence
Estelle - 26 juin 2013
Je suis choquée par votre texte. Darwin est le précurseur de l’évolution, il a eu une intuition géniale, qu’il a su argumentée et dont toutes les recherches actuelles sérieuses ne peuvent plus que mettre en évidence la véracité.
Bien sûr une explication simpliste, résume cette évolution à « la loi du plus fort », mais
Darwin comme beaucoup d’autres depuis, savent que de nombreuses espèces vivent, survivent et se reproduisent en s’associant entre elles, on n’appelle cela des symbioses.
Le lichen EST LE PLUS fort sur un rocher car il est l’association d’une algue et d’un champignon. C’est donc la « loi DES plus forts », qui n’ont pas choisi de façon stratégique, du genre « Vient avec moi, on va casser la gueule au voisin », mais dont les associations au travers des longs millions d’années d’évolution, ont été sélectionnées, par la pression de l’environnement. Opposer Darwin, en tant que représentant de valeurs négatives de notre société, à un idéale positif où les petits oiseaux vivent en communauté « baba-cool » est un point de vu manichéen, stéréotype de définition du Monde lié à une pensée religieuse, non rationaliste. Et Darwin en a assez soupé de cet obscurantisme religieux!
Alors s’il vous plait, si comme moi vous êtes consciente que vous n’êtes rien sans « la
Nature » qui nous entoure, sans les mouches qui pondent dans les bouses, sans les buses
qui attaquent les pauvres petits mulots, sans les bactéries aérobies qui dégradent la
matière organique dans les centrales d’épuration… Alors s’il vous plait rendez à Darwin son sens de l’observation dépourvu de jument moral, que vous, en revanche vous vous
permettez d’user. J’apprécie globalement votre journal, son esprit solidaire et écocitoyen, c’est pour cela que je me permets de vous envoyer ce message, car votre lettre m’a fait vivement réagir.
Joelle Andreys - 26 juin 2013
A Estelle. Merci d’avoir pris la peine d’expliquer votre ressenti. Je respecte votre point de vue de scientifique, que je ne suis pas. Loin de moi l’idée d’alimenter des querelles de clocher, j’aime picorer des idées pour un mieux-vivre ensemble. Simplement, légèrement…
mediathèque - 26 juin 2013
Bonjour !
Ce petit mot pour vous faire part de ma vive réaction en lisant votre texte à propos de ce drôle d’oiseau qu’est l’homme. J’attire votre attention sur le fait qu’on ne doit pas confondre le darwinisme naturel avec le darwinisme social ; le darwinisme social est une doctrine qui est née sous la plume de Spencer à la même époque que le darwinisme naturel. Spencer y prône une amélioration de la société par la concurrence entre les individus qui permettrait d’éliminer « les faibles » et de ne garder que les plus forts.
Si la pensée de Darwin est tributaire de l’idéologie dominante de son époque (où le racisme et l’eugénisme font florès), il est cependant très clair pour lui que l’homme en tant qu’être civilisé ne se résume pas à sa génétique et que sa capacité à la morale doit l’inciter à protéger les plus « faibles » sous peine de perpétrer un crime contre l’humanité. S’il y a effectivement contestation de la théorie de Darwin, elle ne peut raisonnablement pas se placer sur terrain-là puisque Darwin n’a jamais prôné une sélection sociale de ce type, il a même parfois suggéré que les stratégies de solidarité sont un moyen de survie de l’espèce, mais cela relève de l’anthropologie et non plus de la biologie…
Jan Pol - 26 juin 2013
Que voila un éditorial intéressant …. et ambitieux !
Tant qu’il y aura des banques… et des banquiers…
Audrey - 26 juin 2013
ouiii, super edito! merci!
R. - 26 juin 2013
La pertinence de vos propos me comble d’aise. Hélas il semblerait que peu d’hommes souhaitent voir le monde à notre manière.
Pour l’instant la balance penche du mauvais côté, mais, qui sait quelles surprises le destin réserve à l’humanité…
J’apprécie la lecture de Libri et de Strada, même si je ne suis plus concerné par certains sujets évoqués.
Je vous encourage de tout mon coeur a continuer dans la voie que vous vous êtes tracée. Entourez-vous de gens de confiance et soyez exigente envers eux comme vous l’êtes envers vous même. Ni plus, ni moins.
Jérémy - 26 juin 2013
Un édito revigorant, léger et n’en demeurant pas moins profond de véracité. Oui, oui et encore oui à la coopération entre « évolutionnistes » qui d’une volonté profonde s’accordent à l’élaboration et la mise en œuvre d’une cohabitation transversale et solidaire.
Jacques - 27 juin 2013
Bien vu le drôle d’oiseau…
louis - 27 juin 2013
Très « chouette ».
Christiane - 10 juillet 2013
c’est dommage qu’on ne soit pas plus nombreux mais on peut rêver : votre magazine est très apprécié. Bravo et merci
MARC - 21 septembre 2013
Disons que le silence est souverain…
Disons que dans le fond nous sommes tous d’accord…
Tant qu’à la forme ???
C’est quelque part notre précipitation à nous exprimer qui nous fait croire que nous sommes dans le vrai…
Sans nul doute, nous sommes tout un chacun imprégnés de la certitude de savoir, et handicapés par notre empressement à l’exprimer…