Le 14 septembre 2016
Le goût des autres
Le réel est ce que nous en percevons. Nos capteurs sensoriels, d’une incroyable diversité, se disputent en permanence la transmission d’informations au cerveau. Quand on croque dans un florentin ou dans une madeleine, 347 gènes olfactifs entrent en jeu et réagissent d’une façon qui nous est tout à fait personnelle ; on a beau partager la même table, l’image multisensorielle que génère notre dégustation n’est pas celle de notre voisin – d’ailleurs il vient de nous sourire, la situation est particulièrement agréable – mais il nous est impossible de savoir quelle est la part de plaisir générée par l’aliment, et quelle est celle liée au contexte ou à notre vécu.
Ainsi notre perception du réel dépend de notre expérience personnelle : c’est vrai dans la dégustation du fraisier (le récit d’une pâtissière à retrouver en page 35) comme dans nos relations. Muriel Fallet est arrivée à une conclusion assez proche en matière d’éducation ; dans sa rubrique « apprendre autrement » elle nous explique comment, plus on reconnaît une intimité, des émotions et des goûts personnels à son enfant, plus il évolue en confiance et s’ouvre à l’inconnu.
Le condensé d’histoires que vous retrouvez chaque trimestre dans Strada s’inspire du même constat. Les articles sont autant de voyages dans les représentations de chaque personne rencontrée. A défaut d’avoir les mêmes goûts, les rédacteurs de Strada ont le goût des autres : ils vous font partager un peu de savoir, un peu de sagesse, et le plus de saveurs possible.*
Bonne lecture ! Ou plutôt « bon appétit » !
- Formule empruntée à Roland Barthes évoquant sapienta : nul pouvoir, un peu de sagesse, un peu de savoir et le plus de saveur possible.
EDITO du magazine STRADA La vie d’ici N°34 – automne 2016 –
STRADA La vie d’ici N°34 Automne 2016
Posté par Joëlle Andreys