Le 16 mars 2023
Le Lignon du Velay prend sa source à la Croix de Peccata, 20 km en amont de Fay, il rejoindra La Loire 65 km plus loin à Monistrol-sur-Loire.
A Fay-sur-Lignon, en contre-bas du bourg, un sentier aménagé vous invite à parcourir le site pour une balade de 30 mn à 1 heure à la rencontre du Lignon, une rivière réensauvagée et préservée. |
Une rivière ré-ensauvagée…
Pour ceux qui connaissaient le site avant, il s’agissait d’un plan d’eau qui malheureusement créait un déséquilibre sur le milieu. Il a été réaménagé par l’EPAGE Loire Lignon ces dernières années.
Les objectifs de cette renaturation ? Ils sont nombreux. Les principaux étant de remettre le Lignon dans son lit initial, de permettre à la végétation de repousser et de mettre en place des aménagements naturels pour la petite faune (mares, zones humides, …) afin que celle-ci recolonise le site.
à La découverte du LIgnon en velay…
La rivière serpente librement dans le paysage. C’est un cours d’eau naturel qui vit de zones tranquilles en rapides. Avançons ensemble dans ses méandres !
De jeunes feuillus sont en train de tendre leur faite vers le ciel : aulne, saules et frênes maintiendront plus fermement les berges que les résineux plantés un temps en trop grand nombre sur ce secteur, comme malheureusement dans beaucoup d’autres espaces. Cette revégétalisation des rives améliore l’écosystème : elle crée de nombreux abris et des réserves de nourriture pour la faune, elle apporte de l’ombrage qui maintient des eaux fraîches favorables à la truite fario…
Plus loin, des troupeaux viennent boire directement au ruisseau. Des clôtures ont organisé des abreuvoirs naturels, afin que les bêtes ne piétinent plus les berges.
En s’écartant un peu du fil de l’eau, nous découvrons des mares nouvellement créées et des zones humides restaurées. Leur réalimentation en eau a consisté notamment à boucher des drains contreproductifs. Ces milieux proches de la rivière apportent de nombreux bénéfices pour la nature, dont la préservation de la ressource en eau et un lieu de vie pour une faune et une flore diversifiée.
Platelages et observatoires vous invitent à prendre le temps de vous arrêter et d’observer !
Une rivière pleine de vie…
Si on sait se tenir calmement au bord de l’eau, on aura peut-être la chance d’apercevoir les hôtes du Lignon. Des oiseaux : le cincle plongeur et la bergeronnette des ruisseaux ; des mammifères : des loutres, et des castors, des amphibiens : grenouilles et tritons ; et de nombreux insectes comme par exemple papillons et libellules !
La rivière, grâce à ces aménagements, est redevenue le rendez-vous de la faune sauvage.
Preuve que la nature est résiliente ! Qu’elle peut être rapidement restaurée à condition de bénéficier d’un coup de pouce !
Découvrez le film « Le Lignon retrouvé – 5 ans après »
BONUS : EN SAVOIR PLUS SUR LE LIGNON
C’est le plus important affluent de la Loire au cours de son passage en Haute-Loire, il traverse l’Est du département, en s’écoulant du sud vers le nord. Au cours de ses 85 kilomètres, il traverse 17 communes de Haute-Loire dont 3 qui portent son nom (Fay-sur-Lignon, Le Chambon-sur-Lignon et Saint-Maurice-de-Lignon). A ne pas confondre avec le Lignon du Forez, Le Lignon du Velay prend sa source sur le versant nord de la Croix de Peccata, dans le massif du Mézenc. Contrairement à son homonyme il rejoint la Loire en rive droite du fleuve. Sa confluence se fait à Pont de Lignon (commune de Monistrol-sur-Loire) sous le viaduc de la N88 qui porte son nom.
L’affluent principal du Lignon est la Dunière, longue de 42km. Le réseau hydrographique qui alimente le Lignon du Velay est assez dense avec 760 km de linéaires de cours d’eau.
De rigoles en ruisseaux puis de ruisseaux en rivières tous ses écoulements font partie d’une même entité hydrologique que l’on appelle le bassin versant qui est le territoire d’alimentation d’un même cours d’eau, celui du Lignon couvre 708 km².
Ce territoire est également bien pourvu en zones humides, 3800 hectares pour celles qui sont connues, soit plus de 5 % de du bassin versant. Souvent situées en têtes de bassin , les zones humides contribuent à la préservation qualitative et quantitative des milieux aquatiques et au final de nos ressources en eau.
Le Lignon c’est aussi le barrage de Lavalette dans le Velay
Le grand barrage de Lavalette mesure 60 m de haut. Il créé un lac d’un peu plus de 2 km² et offre en période estivale un haut-lieu d’activités nautiques et de baignade. C’est surtout un grand réservoir d’eau de 40 millions de m³ alimenté par le Lignon et ses affluents amont. Principal pourvoyeur d’eau potable de l’agglomération stéphanoise, l’eau du barrage est acheminée jusqu’à Saint-Etienne dans une conduite forcée de 32 km, desservant ou sécurisant au passage de nombreuses communes de Haute-Loire. Le Lignon unit donc les deux départements de la Loire et de la-Haute-Loire, qui ont un intérêt commun à préserver cette ressource de bonne qualité.
Et pour compléter le tableau de l’utilisation du Lignon, n’oublions pas la production d’hydroélectricité en majeur partie concédée à EDF qui profite des importantes chutes d’eau créées par le barrage de Lavalette et son petit frère la Chapelette, puis plus loin au niveau des barrages de Pont de Lignon 1 et 2.
Préserver la rivière
Dans le cadre de la compétence GEMAPI (Gestion des Milieux Aquatiques et Prévention des Inondations), déléguée depuis 2020 par le communautés de communes du secteur à l’EPAGE Loire-Lignon (Etablissement Public d’Aménagement et de Gestion des Eaux), un plan d’actions est en place depuis 2021. Promu et approuvé par l’Agence de l’Eau Loire-Bretagne qui en est le principal financeur, ce plan d’actions intitulé Contrat Territorial Lignon du Velay a pour but de répondre aux enjeux de maintien et de restauration de la qualité de l’eau et des milieux aquatiques.
L’EPAGE Loire-Lignon est à l’origine de différents aménagements pour la nature. Il s’emploie à renaturer le Lignon et ses affluents. Pour cela des travaux sont mis en œuvre via le contrat territorial et ses partenaires. En fonction des enjeux, différentes interventions peuvent être nécessaires :
- du « recul de résineux » dont l’objectif est de retirer les résineux (épicéas, pins, sapins…) sur une bande de 7m en bord de rivière et de replanter avec des feuillus (aulne, saules, frênes..), arbres dont les racines permettent un meilleur maintien des berges ;
- de la restauration de la ripisylve (végétation des bords de rivières) pour bénéficier des bienfaits de ce cordon protecteur sur l’écosystème (ombrage pour maintenir des eaux fraiches, autoépuration par le système racinaire, pourvoyeur d’abris et de nourriture pour la faune…), celle-ci doit être entretenue quand il y a des risques d’obstacle à l’écoulement, mais surtout replantée avec des essences adaptées quand elle est absente ;
- de la maîtrise du piétinement par la pose de clôtures et d’abreuvoirs. Cela permet aux animaux d’élevage de venir boire au ruisseau sans piétiner les berges et en permettant à la végétation de pousser ;
- de la renaturation hydromorphologique afin de remettre le cours d’eau dans son état « naturel » en le faisant reméandrer ;
- de la restauration de zones humides qui consiste notamment à boucher les drains qui ont pu être créés pour réalimenter en eau celles-ci.
Le contrat territorial comprend également une animation territoriale pour accompagner les acteurs du territoire à prendre en compte la préservation des milieux aquatiques dans leurs activités. Par exemple, l’EPAGE aide les agriculteurs dans la plantations de haies ou pour l’obtention d’aides agro-environnementales qui récompensent les pratiques vertueuses.
Un autre outil, animé par l’EPAGE permet la préservation du Lignon et de ses affluents, c‘est le SAGE Lignon du Velay (Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux). Outil de planification, élaboré par les acteurs du territoire réunis en Commission Locale de l’Eau, il fixe les objectifs et règles en lien avec l’eau et les milieux aquatiques.
Lire dans STRADA : Quand la biodiversité s’effondre, que peut-on faire ?
Un projet de renaturation d’envergure
En parlant de renaturation, à Fay-sur-Lignon l’EPAGE Loire-Lignon a retiré un plan d’eau construit sur une ancienne zone humide afin de remettre le Lignon dans son lit historique. Ce plan d’eau créait un déséquilibre morphodynamique et générait plusieurs perturbations sur les milieux. Ces perturbations étaient d’autant plus préjudiciables que le plan d’eau se situait en tête de bassin versant et dans le site Natura 2000 Haute Vallée du Lignon qui concerne le Lignon amont (du Mézenc jusqu’à Lavalette), désigné pour ses espèces d’intérêt communautaire (le Castor d’Europe, la Loutre d’Europe, la Moule perlière et l’Écrevisse à pattes blanches).
En concertation avec la commune et différents partenaires les travaux ont été menés de 2018 à 2021 afin d’effacer le plan d’eau, rediriger le Lignon dans son lit historique, recréer des mares et zones humides, renaturer les habitats, replanter la végétation et mettre en place des aménagements naturels pour la petite faune.
Suite à ce projet différents suivis naturalistes (flore, amphibiens, oiseaux, poissons…) ont été réalisés et montrent des résultats plus que satisfaisants.
Ce projet démontre que la nature est résiliente et peut être rapidement restaurée à condition qu’elle puisse bénéficier d’un coup de pouce !
Le Lignon a pu retrouver son rôle d’écrêteur de crue en s’étalant dans ce fond de vallon en période de hautes eaux ; mais aussi de soutien d’étiage par l’eau qu’il libère à partir de ses zones humides de proximité en période de basses eaux. Les méandres et la dynamique de l’écoulement retrouvée permettent également une auto-épuration de l’eau qui est désormais en capacité d’accueillir les espèces les plus exigeantes comme la truite fario, la loutre et la rarissime moule perlière.
Venez découvrir ce site aménagé pour une balade nature en famille !
Posté par Marine SCHMITT