Isolation, Ma maison, Aménagement & Design
Le 29 juin 2023
Françoise et Thierry
Sont des autoconstructeurs. La cinquantaine joyeuse et affirmée, ils ont déjà expérimenté plusieurs fois chacun l’installation dans un nouveau lieu de vie en remontant leurs manches pour rendre eux-mêmes le lieu habitable et confortable, à la hauteur de leurs attentes.
Le Volcan des sens est leur nouveau bébé. Le fruit de la crise de la cinquantaine ? Alors c’est une crise bien employée à mettre en place leur gagne pain et style de vie pour les 15 dernières années d’activité… Ils deviennent hôtes d’un écolodge imaginé à leur mesure, en bord de Cézallier, dans un cadre naturel cher à leur coeur. Une grande maison rassemble les espaces communs et 5 petites maisons indépendantes accueillent leurs clients. Une façon de se garantir un relationnel agréable et régulier, dans un environnement qu’ils apprécient. Le gage d’une bonne forme physique aussi ? Le couple n’y est pas allé de main morte.
HISTORIQUE
Parlons rythme. En 2017, ils se mettent aux fondations. Après la dalle et la structure en ossature bois, viennent le carrelage, les cloisons, l’électricité et la plomberie. Deux ans de travaux intensifs, puis, les hivers suivants, l’ajout d’une piscine de nage et d’un espacebien-être. De quoi garder la forme…
L’ensemble est harmonieux, bien pensé et plaît. Une clientèle aisée afflue de la France entière pour passer quelques jours de ressourcement dans ce site romantique à 1 heure de Clermont-Ferrand et du Puy-en-Velay.
Au hameau de Brugeilles, Thierry a déjà vécu et travaillé. De son père, artisan, il a appris les gestes, la méthode et le goût du travail bien fait, forgé pendant les vacances scolaires. La maison qui fait face à l’écolodge, ils y ont habité Françoise et lui. Notamment le déménagement fut une traversée de pré, un changement de point de vue dans un même paysage, passant d’un habitat traditionnel en pierre de pays à un ensemble moderne en ossature bois de belle performance environnementale.
L’APPROCHE THERMIQUE
Polyuréthane ou de laine de verre ? Aucun de ces deux matériaux ne trouve grâce à leurs yeux.
En effet les solutions retenues sont écologiques à la fabrication, sobres en énergie grise et prévues pour durer. Sans oublier la facilité de mise en oeuvre, souligne Thierry. Dans les murs ossature bois, 20 cm de fibre de bois rigide sous un bardage de douglas. Au plafond, de la ouate de carton : 45 cm de légèreté.
Le chiffre R qui signe la résistance thermique du bâtiment est bien dans les clous des nouvelles exigences environnementales. Pour autant, vous allez voir que certains choix sont audacieux.
Comme un bateau flottant sur des billes d’argile…
Inspirée de pratiques italiennes, suisses et nordiques, la dalle de la maison est posée sur un lit de 45 cm de billes d’argile. En hiver, elle devient radiateur quand le soleil bas pénètre jusqu’au fond de la pièce, travers les vitrages haute technicité. Le dallage noir stocke les calories offertes par le rayonnement solaire et les diffuse lentement. Deux jours de soleil par semaine assurent le chauffage de toute la maison, affirment les propriétaires.
Vous connaissez les billes d’argile expansée pour les avoir vues utilis.es en jardinage, ou au fond des bacs de fleurs. Elles sont décoratives et facilitent le drainage. Il s’agit d’argile brute naturelle séchée, réduite en poudre, puis mélangée à de l’eau Le mélange est ensuite chauffé à 1 000°C dans des fours rotatifs ce qui lui donne sa forme ronde. On trouve des billes d’une granulométrie de 3 à 10 mm. Légères, incombustibles, indéformables, imputrescibles, isolant acoustique et thermique. Les 45 cm en dalle de cette maison donnent une résistance thermique proche de 5.
En été, le soleil ne rentre pas plus d’un mètre dans la pièce. Le by pass de la ventilation double flux shunte les transferts de calories indésirables. Une double flux, insiste Thierry, c’est un investissement de seulement 700 euros pour un résultat excellent. Elle devrait être installée dans toutes les maisons.
Ventilation double flux avec by pass
En effet le principe de la ventilation double flux est d’optimiser les échanges. Elle fait bénéficier l’air froid extérieur – avant son entrée dans le logement – des calories de l’air plus chaud qui sort du logement. L’été, le système by pass vient shunter l’échange de calories : l’air frais de la nuit évite l’échangeur et entre directement dans le logement. Autre solution : ouvrir en grand les fenêtres la nuit !
DES LODGES NATURELS ET ÉCOLOGIQUES
Sur pilotis
Les cinq lodges qui abritent les chambres d’hôtes (40 m2 intérieur + 20 m2 de terrasse privative) ont été construits sur pilotis. Le terrain, en pente douce jusqu’à la rivière, s’y prêtait merveilleusement. On entre par le nord au niveau du sol alors qu’au sud la terrasse surplombe le pré. Ainsi ces structures aériennes amènent de la légèreté. Elles sont cohérentes avec l’aspiration écologique de leurs créateurs : on respecte la conformation du terrain, on s’affranchit des fondations et du terrassement, l’empreinte au sol est réduite. Autre atout : la construction sur pilotis est plus rapide et moins coûteuse que pour une maison classique au sol.
Du bois qu’on laisse griser naturellement
À l’extérieur les 1 200 m2 de bardage de douglas de pays n’ont pas été traités. Zéro protection, même pas d’antigrisonnement. « Ça en jette moins qu’au début, quand le douglas arborait ses tons rosés, mais avec le temps il s’intègre mieux dans son environnement ». Seule contrainte d’un doublage en bois naturel : il doit être aéré. Prévoir une lame d’air continue entre le pare-pluie et la paroi, protégé par des grilles anti-rongeurs.
Françoise adore bricoler : sur le chantier, elle a fait manoeuvre pour son conjoint, plus technique. Mais quand il s’agit du choix des matériaux, elle n’est pas en reste. « On est allé visiter tous les fournisseurs pour choisir les matériaux les plus locaux, les plus écologiques et aussi les plus faciles d’entretien ».
Fermacell® à joint ouvert
Dans la salle commune, le parement du plafond est en Fermacell®. Ces panneaux rappellent le placoplatre mais ils sont à base de ciment armé de fibres de verre ce qui leur confère beaucoup plus de rigidité et de densité que les fameuses BA13. Le Fermacell® les a conquis : il a aussi une excellente résistance mécanique, ce qui est important dans les locations soumises de nombreux occupants. Ici, les propriétaires ont choisi une finition épurée : le vernis hydrofuge est invisible, et la pose à joint ouvert « je voulais un style industriel » explique Françoise.
En cloison dans les lodges, la pose est soigneuse, invisible. Le choix de ce matériau à forte inertie, couplé à l’isolation fibre de bois et ouate de carton, matifie agréablement les sons, rajoutant au confort feutré des suites.
Feuilles de pierre
Pas de carrelage dans les salles de bains, mais des feuilles de pierres au rendu très authentique. Normal, puisqu’il s’agit de pierre naturelle. Dalles légères et flexibles de moins de 2 mm d’épaisseur, montées sur un support en résine et en fibre de verre, elles sont faciles à poser. Leur grande taille évite les joints qui finissent par noircir. Elles résistent aussi à l’usure : un argument de poids pour des espaces voués à la location.
Tellement d’atouts que Françoise et Thierry n’ont pas lésiné sur la quantité : la cuisine et les portes arborent elles aussi un revêtement en feuilles de pierre.
On aime le travail vite fait bien fait dans cette maison !
Quand il n’y a pas de Fermacell nu ou de feuilles de pierre, on utilise d’autres grands panneaux, qui ne demandent pas de mise en oeuvre compliquée. Dans l’espace salon/ bibliothèque, on a mis au plafond du contreplaqué de peuplier brut. Au mur et au sol, de l’OSB. Comment éviter la répétition parfois étouffante du dessin des lamelles de bois de l’OSB ? Un pan de mur peint tous simplement. L’effet matière est encore présent mais tout en sobriété.
le mobilier, banc et tête de lit avec ses tablettes en frène, loupe et aubier, de la propriété.
La porte de l’espace bien être est japonisante, avec un process d electrolyse qui brule la surface bois. Deux électrodes, une tension élevée, un courant très faible, un liquide conducteur, et l’arc électrique brûle le bois en suivant un chemin aléatoire.
À l’arrivée :
À leur arrivée, la plupart des hôtes ont projeté des visites et de grandes randonnées à pied ou à vélo dans la belle région alentour. Une fois installés dans leur lodge, ils n’ont guère envie d’en sortir. Une nuit n’est pas suffisante pour apprécier pleinement l’effet ressourçant. Est ce seulement lié à l’architecture et aux choix des matériaux ? Sans doute pas. Françoise et Thierry ont tous deux suivis une formation de coach de vie. Leur premier objet d’études : eux-mêmes.
Suite à cela, ils ont créé le Volcan des Sens.
» Même si on est content de fermer en fin de saison, on ne voit pas vraiment notre activité comme un travail. On aime les gens… «
Figurez-vous que 90 % de leurs clients auraient envie de changer de vie ! Et certains d’ouvrir peut-être, comme eux, des chambres d’hôtes dans des endroits un peu paumés. Est ce donné à tout le monde ? Il faut avoir du courage au travail et de très bonnes bases en bricolage pour amortir les investissements. Et surtout, parole de Françoise et Thierry : » Il faut aimer les gens » .
Découvrez le couloir de nage en eau naturelle by le Volcan des Sens…
Posté par Joëlle Andreys