Le 05 décembre 2023

Médiathèque de Yssingeaux

18:00

Le sourire comme la gentillesse ou la bienveillance semble être bien loin du climat maussade et de la défiance généralisée qui caractérise le contexte actuel dans lequel nous vivons. Sourire pourrait même paraitre indécent au regard des tragédies de la haine et de la violence aveugle qui provoque tant de souffrance et qui marquent notre époque. Le fait de sourire suppose un état d’harmonie et de sérénité et surtout un appel à la reconnaissance d’autrui comme personne que l’on respecte et pour qui on ressent une empathie.
Pourtant le pouvoir du sourire comme désir de reconnaitre l’autre est une des caractéristiques de l’être humain, le petit enfant est programmé pour sourire, ce qui n’est pas le cas de l’animal. Cette transformation qui illumine le visage peut être une invitation à manifester de l’attention à l’autre, à l’écouter. Quelqu’un qui vous accueille en souriant c’est déjà un lien qui se crée et qui installe un climat de confiance. Pour cela il faut bien sûr au moins regarder l’autre et ne pas rester scotcher à son téléphone portable sans s’apercevoir que d’autres existent autour de nous.
 
Bien sûr le sourire peut être aussi …. Mais cela n’a plus grand chose à voir avec la bienveillance et la gentillesse. On peut aussi déplorer l’injonction à sourire sur des selfies pour donner à voir une image de nous-même qui est satisfaisante. Le sourire est alors automatique et perd tout caractère d’authenticité.
 
Par rapport au rire qui peut être grossier et incontrôlable, le sourire peut être énigmatique et mystérieux. Imaginons une société où personne ne sourit, c’est alors la vie elle-même qui disparait sous la peur, c’est ce que veut la terreur qui règne dans les sociétés totalitaires, le sourire n’est pas le signe d’une légèreté frivole, il est au contraire quand il est authentique une manière de résister et de surmonter le tragique de la condition humaine. Il est comme pourrait le dire la philosophe Simone Weil, un besoin de l’âme et dans ce sens il rejoint la capacité de garder une sorte d’humour vis à vis de nous-même. C’est parfois très difficile mais comme le dirait Spinoza, il faut fuir les passions tristes
 
Nous pourrons discuter des multiples visages du sourire pendant ce café philo de décembre proche de Noël….

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