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Le 11 février 2025
Une chance pour la culture
Comme l’Ardèche et la Lozère, la Haute Loire est un territoire qui attire les artistes, mais lorsqu’ils apprennent l’existence de Coop’art, effet waouh, cette opportunité les fait basculer chez nous.
Politiquement, dans le sens du vivre ensemble, c’est intéressant.
Mais qu’est ce que fait de particulier Coop’art ? Rappelons que la coopérative d’acteurs artistiques et culturels de Haute Loire est née il y a 7 ans. Sa relative réussite économique fait figure d’exception parmi les sociétés coopératives de la culture. Au départ fortement soutenue par les fonds publics, elle s’est finalement affranchie des subventions passant de 95% à seulement 10 % de subvention en 2024. Certes, toutes les activités ne sont pas lucratives mais, ici, on milite pour que les ressources – apportées par la location, l’installation de matériel scénique et les services d’ingénierie – financent la mise en réseau des acteurs culturels et la coordination de leurs projets collectifs. Cette démarche échappe aux logiques de developpement classique, verticales, et focalisées sur les bénéfices. En somme, on pourrait dire que c’est une expérience politique positive.
Se connaitre
Grâce aux rencontres régulières organisées par les 3 salariés de Coop’art, la centaine de sociétaires apprend à se connaitre. Ce sont des compagnies, des artistes et des techniciens du spectacle vivant, des scénographes, des diffuseurs, des collectivités, des plasticiens, des réalisateurs, des media (Strada en fait partie)… et quand on met tout ce petit monde en contact, il se passe quelque chose. Des souhaits apparaissent, des idées émergent, l’enthousiasme les propulse, des projets se dessinent, se transforment et aboutissent à des actions inattendues.
Des productions inattendues
Cette année, c’était la première fois que Coop art produisait. L’aspiration des sociétaires à créer ensemble a conduit à réaliser 80 heures d’ateliers artistiques avec les salariés des Ateliers de la Bruyère qui se sont finalisées par un spectacle. Puis, le cabaret itinérant s’est déplacé à la Magnanerie de Langeac. Un repas spectacle créé en 4 jours seulement a fait un tabac. La jauge était à 80 personnes, on en a refusé autant…
Le principe du cabaret itinérant est de proposer des spectacles dans des lieux non dédies au spectacle vivant et en milieu rural. Une fois les lieux identifiés se pose un problème. On ne peut pas inclure les 60 artistes de Coop’art dans chaque représentation. Comment le résoudre ? C’est là que l’intelligence collective est mise à contribution. La question circule parmi les sociétaires, ça discute, et une solution émerge par consensus. Au départ le cabaret ne prévoyait que 6 artistes par représentation, mais la réflexion des sociétaires amène à concevoir un spectacle où les artistes peuvent s’intervertir en fonction des disponibilités de chacun, et présenter des disciplines artistiques en binôme, dans des croisements inattendus ; tissu aérien et blues, conte et musique électronique… À 100 sociétaires, les combinaisons de compétences sont infinies…
Un recours permanent à l’intelligence collective
Les sociétaires de Coop’art sont entrainés à la résolution collective de problèmes.
Chaque année, les journées de rencontres professionnelles sont l’occasion pour les compagnies qui le souhaitent de participer de montrer leur travail à un un public de programmateurs, qui se présentent également. Voilà pour le matin. Mais l’après midi est consacré à des ateliers de co-developpement. Une problématique est apportée par une personne, on réfléchit à plusieurs. Cette gymnastique d’intelligences et de compétences mise au service de l’entraide donne des pistes de résolution étonnantes. On apprend de la vision des autres et chacun repart avec quelque chose.
Autre exemple de résolution. L’initiative cette fois vient de Maryvonne, cie La Nef Ailée. Elle fait savoir qu’elle aimerait monter un collectif pour obtenir un emplacement attractif au Festival d’Aurillac, le square Conquand, et pouvoir financer son travail. 6 ou 7 compagnies de Coopart sont intéressées mais ça ne suffit pas pour candidater. Du coup, Coop’art va trouver des compagnies à l’extérieur du département. Sa coordination a rendu possible le projet, et la location de matériel a apporté des ressources supplémentaires. Voilà comment le rapprochement d’acteurs culturels permet l’émergence de projets qui se réalisent.
Jérémie Langlois, le directeur, en est convaincu : l’idéal est de tendre vers ce modèle.
Si tout le monde adhère à cette dynamique, alors on multiplie les projets aboutis tout en restant à ressources constantes. Son enthousiasme, sa pugnacité et la magie du collectif ont payé, Coop’art vient de décrocher le titre de PTCE, Pôle Territorial de Coopération Economique.
Il prouve sa capacité à fédérer la filière culturelle et artistique autour de la coopération et la mutualisation.
Une aubaine pour notre département.
Posté par Joëlle Andreys