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Le 04 octobre 2024
Un bureau dans le jardin
CONSTRUCTION LEGERE
Parfois aller au bureau est si facile
qu’on a qu’à traverser le jardin.
Anne-Karine et Sylvain sont en couple, vivant ensemble à la maison, mais aussi au travail. Ils n’ont pourtant pas la même activité ni les mêmes besoins. Anne-Karine est doula, elle pratique le massage dans son cabinet, alors que Sylvain a besoin d’un bureau pour préparer ses études et plans thermiques et recevoir clients et artisans. Comment concilier les besoins de l’un et de l’autre dans un seul bâtiment ? Sylvain a imaginé une petite maison en bois d’un seul niveau avec deux espaces distincts. Intelligemment conçue, sobre en matériaux et économe en énergie, elle a trouvé sa place dans le jardin.
Pour les patients d’Anne-Ka, c’est un lieu apaisant alors que les clients de Sylvain apprécient l’exemple grandeur nature d’une construction écologique, répondant aux critères de la règlementation thermique actuelle.
« Je voulais faire une démo de solutions non énergivores, explique Sylvain, montrer quelque chose de cohérent avec mon activité. » Pour mener à bien ce projet personnel, il a agit comme il le ferait pour ses clients : » Je cherche toujours des solutions économiques et thermiques efficaces, sans lésiner sur la qualité. »
Voici donc les bonnes idées de cette petite maison en bois, 50m2 d’espace professionnel.
Limiter son empreinte carbone
L’orientation.
Il y a 20 ans on cherchait une exposition sud, mais la fréquence accrue des jours de canicule ont eu raison de cette orientation, il fait trop chaud l’été dans une maison ouverte sur le sud. On s’est tourné vers le sud-est, et aujourd’hui, les experts préconisent plutôt l’est. L’hiver, le dégel est prioritaire, les premiers rayons du soleil amènent des calories, et on maximise l’ensoleillement, alors que l’été on évite la surchauffe.
Un principe constructif emprunté aux bâtiments industriels.
Au lieu de construire sur un radier, une dalle qui sert d’assise,Sylvain a préféré éviter l’utilisation de tonnes de béton tout en permettant un accès technique comme le ferait un vide sanitaire. Des pilotis fait maison ont été coulés dans des réhausses de piles de portail enterrées de près de 60 cm. Pour rattraper la pente du terrain, Sylvain a préféré agir sur la hauteur des poteaux verticaux en bois que sur la hauteur des pilotis en béton.
Les poutres ne sont pas en bois massif mais en bois contrecollé . On les appelle des poutres en I alors qu’elles ont plutôt une forme de H. Elles permettent des sections plus importantes que du bois massif pour un coût moindre et une manutention plus facile car elles sont plus légères.
Comment alléger encore la structure ?
Sylvain est fan des des solutions Agepan® system. En particulier leurs panneaux de fibre de bois collés moins cher que l’OSB mais avec des propriétés plus intéressantes. Jugez plutôt : exempt de formaldéhyde, bouvetés dès 16 mm d’épaisseur pour un assemblage facilité, suffisamment rigides pour fixer dessus ce que l’on veut, résistants à la compression, enfin, sur une ossature bois, ils assurent aussi le rôle de contreventement extérieur, permettant une économie de bois.
Le toit est monopente. À surface équivalente, la charpente la plus économique ! Elle engage moins de matériaux de construction et est plus facile à poser.
Isolation performante. Entre les poutres, de la fibre de bois floconnée a été choisie pour sa résistance thermique et son très bon déphasage. (poutres steico + isolant Steicozen). Pas de polystyrene ni de plastiques n’entrent dans cette construction, en phase avec ce que Sylvain préconise dans ses études thermiques.
Une astuce pour les autoconstructeurs
L’ordre du chantier aussi est inspiré du bâti industriel : « Au lieu de monter d’abord les cloisons, j’ai commencé par le toit, ça m’a permis de stocker les matériaux et de travailler à l’abri. »
Sylvain Mansart
Le bureau de Sylvain, thermicien, et le cabinet d’Anne-Karine, doula et masseuse, rassemblés dans une construction légère dans le jardin. Une forme de télétravail grand confort.
Sortir du réseau électrique
Un des objectifs de la construction du bureau de Sylvain et Anne-Karine était de se passer du réseau électrique. Devenir autonome en énergie est un rêve de beaucoup. Cela présente quelques avantages, sur les plans économique, écologique, et de la résilience. C’est aussi un pied de nez au système. On peut consommer moins et mieux, sans être tributaire d’un réseau.
« Je pense qu’il faut investir dans des kits d’auto-consommation parce qu’on nous menace de couper l’électricité en période hivernale » explique Sylvain.
Des panneaux photovoltaïques couplés à un stockage sur batterie ont rendu possible l’indépendance énergétique. Ainsi quand un ciel couvert fait baisser la production d’électricité, les batteries prennent le relais. Et si jamais elles étaient vides, le réseau électrique de la maison d’habitation pourrait encore venir en secours.
Cela demande quand même une certaine organisation. Nous avons noté que la maison est aussi équipée en panneaux photovoltaïques. Ses habitants s’appliquent à consommer de l’énergie en priorité en journée, quand il y a du soleil. Le surplus de production est vendu à EDF.
« Quand on veut devenir autonome, il faut d’abord s’équiper de matériel peu gourmand en énergie. »
L’eau chaude sanitaire, qui alimente la salle de bain et un petit coin cuisine, est produite à la demande par un petit chauffe eau instantané relié à une bouteille de gaz, beaucoup plus économe qu’un ballon d’eau chaude électrique.
Un puits canadien apporte de l’air frais l’été et garantit le hors gel l’hiver grâce à une prise d’air raccordée à 50 mètres de tuyaux enterrés à 1,3 mètres dans le jardin. En effet, à cette profondeur, le sol présente une température constante d’environ 13 degrés. Ainsi la géothermie régule la température ambiante toute l’année.
Le chauffage est assuré par un poêle à granulés canalisable. Il est installé dans le bureau de Sylvain mais une gaine envoie de l’air chaud dans la partie bien être d’Anne-Karine. Programmable, il se met en route à la demande, un peu avant de traverser la pelouse pour aller travailler…
Au bureau, un ordinateur portable, 12 v, moins énergivore qu’une tour, est relié à 3 écrans.
Pas de volets roulants, mais des stores manuels.
Un petit chauffe eau électrique instantané, Dds panneaux photovoltaïques reliées à des batteries, un puits canadien… Des solutions simples et peu coûteuses pour moins consommer d’électricité du réseau.
« Une structure en bois et bien plus légère qu’en béton »
Des matériaux recyclés
Le plancher présente un aspect chaleureux. Il a été réalisé à partir de planches de palettes. On peut acheter des planches de récup’ auprès de CréArni, Arnaud Chapuis à Aurec sur Loire, des chevrons, du bois en différents degrés de finition selon les besoins de chacun…
Comme les planches de récupération ne sont pas bouvetées, on les visse par le dessus. Coté Sylvain, on a un effet brut, alors que du côté d’Anne Ka, le plancher est plus soigné, en bois dur : bois de rose, hêtre, santal.
Des solutions discounts et plus ou moins de l’auto construction ont permis d’obtenir un prix au m2 de 1500 €. Pour une construction neuve, à un tel niveau de qualité et de performance, c’est un sacrément bon résultat !
Posté par Joëlle Andreys