Le 21 juin 2021
L’oya, ventre nourricier pour irriguer nos plantes
Voici l’été, avec son lot de soleil et de chaleur. Bons pour le moral et pour la nature, mais risqués pour nos plantations potagères ou ornementales… Heureusement, un ustensile pas né de la dernière pluie va nous être d’un grand secours pour garder la feuille verte et la fleur fraîche : j’ai nommé l’oya.
L’oya ? Kesako ?
Un joli ventre rond en terre cuite, une forme plutôt féminine, capable de distiller au cœur de nos plantes la juste quantité d’eau vitale, presque sans intervention extérieure. Ces jarres poreuses – déjà utilisées il y a 4000 ans – fonctionnent par capillarité : l’eau contenue s’égoutte lentement sur les parois, pour être captée par les végétaux environnants, en fonction de leurs besoins. Par leurs racines plus précisément, car l’oya est enterrée au plus près de celles-ci. Seule son ouverture est accessible depuis la surface, autorisant l’approvisionnement en eau.
Une idée simple mais pleine de bon sens !
La synergie qui se crée entre l’oya-dispensatrice et les racines-captatrices présente des avantages certains :
- Une distribution optimale de l’eau, puisque celle-ci est captée directement par la plante, sans évaporation ni ruissellement. Une économie de 50 à 70 % par rapport à un arrosage en surface !
- Un niveau d’humidité idéal, géré par la plante elle-même. Ses racines vont se développer en direction de l’oya et puiser l’eau en fonction de ses besoins.
- Un développement racinaire profond, alimenté par la source bienfaitrice de l’oya. Avec comme conséquences un encrage plus solide et une meilleure capacité du végétal à puiser les nutriments du sol.
- Un développement limité des herbes indésirables, dû au réseau dense des racines laissant peu de place aux importuns. Et qui dit moins de « mauvaises » herbes dit moins d’animaux nuisibles…
- Enfin, bien sûr, un espacement conséquent des apports en eau, bien pratique en cas d’absence. Il est ainsi possible de n’alimenter les oyas qu’une fois par semaine… et de partir le cœur léger !
Les règles à respecter
Les dimensions de l’oya dépendent de la zone d’action souhaitée. En général, une oya irrigue une zone dont le diamètre est 3 fois le sien. Ainsi, avec une jarre de 30 cm placée au centre, on irrigue un cercle d’environ 90 cm.
Après avoir creusé un trou suffisamment grand pour accueillir l’oya, on enterre celle-ci (avec précaution pour ne pas abîmer les racines environnantes !). On ne tasse pas trop la terre pour ne pas gêner la porosité du matériau et assurer une bonne distribution de l’eau. On laisse juste dépasser de quelques petits centimètres et on couvre l’ouverture avec une soucoupe. On supprime ainsi l’évaporation et on évite à nos amis les insectes une baignade pas forcément choisie.
On pense bien sûr à vérifier le niveau d’eau régulièrement : l’oya ne va pas se remplir toute seule… Attention, les oyas craignent le gel (surtout dans nos contrées) ! Il vaut donc mieux les déterrer pour leur faire passer l’hiver au chaud. Et en profiter pour leur faire un brin de toilette afin de leur permettre de conserver une porosité au top.
Et si je n’ai pas de jardin ?
On trouve de jolis petites oyas, plus allongées, qui ne prennent pas trop de place dans un pot ou une jardinière. La partie visible est plus importante, vernissée et souvent joliment décorée, ce qui ne gâche rien !
Efficacité, autonomie, simplicité, gaspillage et pertes réduits au minimum, réponse adaptée aux justes besoins, aide au développement d’un réseau dense et solide… Voici un système inventé par l’homme qui possède tant de qualités qu’on serait presque tenté de rêver qu’il soit adapté à d’autres formes d’échange, dans la gestion de nos besoins alimentaires par exemple. Rêvons donc, et saluons ce bel exemple de coopération entre l’homme et la nature !
Pour aller plus loin
Si le système des oyas est tout à fait adapté à une surface de culture à taille humaine, il paraît beaucoup plus difficile à mettre en œuvre à grande échelle, le volume, la fragilité et l’entretien des jarres étant difficiles à gérer. Cependant des expérimentations ont été menées un peu partout dans le monde, avec des résultats très positifs, notamment dans les pays chauds, confirmant le bien-fondé d’une invention antique comme solution d’avenir.
Je vous conseille la lecture d’un bel article recensant plusieurs retours d’expérience et donnant plus de détails sur l’utilisation des oyas : https://lavierebelle.org/irrigation-avec-des-jarres-enterrees
À lire :
« Légumes et canicule – Adapter le potager au réchauffement climatique »
de Blaise Leclerc, aux Éditions Terre Vivante.
Un concentré de conseils malins et de techniques pour gérer avec respect et efficacité le potager au milieu des chamboulements climatiques.
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P’tit tuto
Fabriquer ses Oyas maison
On trouve des oyas en magasins spécialisés ou parfois sur les marchés. Mais elles sont plutôt onéreuses et pas forcément de taille adaptée. J’ai donc testé pour vous la fabrication maison, à la fois simple, rapide et peu onéreuse !
1/ Pour le matériel, il faut 2 pots en terre cuite de même diamètre (surtout pas vernissés), une coupelle adaptée, du ciment-colle carrelage et une spatule. C’est tout !
2/ On barbouille bien la bordure de l’un des pots avec une bonne dose de ciment-colle… en évitant d’en mettre partout.
3/ On n’oublie pas de boucher le trou d’un des pots bien hermétiquement avec un bouchon de liège ou un caillou collé avec le ciment-colle.
4/ On applique soigneusement le second pot par-dessus, on presse bien, on lisse avec le doigt pour que ce soit bien hermétique et on laisse sécher 24 heures.
5/ On enterre, on remplit d’eau par le trou laissé libre, on pose la soucoupe dessus (j’ai décoré celle-ci, mais ce n’est pas une obligation !). Tellement simple…
Posté par Anne Couriol