Le 23 juin 2023
Des signes pleins de caractères
À l’heure des interrogations et de nos inquiétudes face à l’envahissement de nos quotidiens par les intelligences artificielles. Les étudiants de première année en DNMADe à Langogne (métiers d’art et du design) tentent une réponse graphique et créative dans l’expo pipo typo.
Suspendus en rangs successifs les alphabets, déclinés sous forme d’affiches, se multiplient. Un ensemble de signes se répètent. Tous différents et difformes au regard des attributs que l’on assigne d’ordinaire à chaque lettre qui le compose.
Derrière chaque alphabet, il y a un travail de recherche graphique personnel. Ainsi ce travail de recherche tente de faire coïncider un intérêt stylistique avec les caractères constitutifs de l’anatomie de la lettre. Afin de constituer une police cohérente. Il y a aussi le choix d’une police de caractères existante qui se confronte à la première. Enfin, il y a le détournement d’un outil, propre à un logiciel de dessin vectoriel. Ce logiciel permet de décliner une forme vers une autre. Ce qui génére une dizaine d’étapes intermédiaires. Le travail d’hybridation entre les deux polices qui en résulte se présente comme une succession de déformations qui paradoxalement nous éloignent de l’intention première.
Chaque caractère obtenu est le fruit du choix d’une étape. Parmi d’autres, dont l’intentionnalité au regard de l’anatomie de la lettre est objectivement ignorée par l’algorithme de l’outil informatique. À chaque police se substitue un ensemble de signes avec leurs propres caractères qui, pris individuellement, nous éloignent de ce pour quoi ils sont pensés au départ. Réagencés sous forme de grilles ou de normographes ou en vrac. Ils nous invitent à les réemployer pour ce qu’ils permettent d’expérimenter au niveau du dessin formel, relevant davantage d’une stratégie ludique que de l’élaboration d’une nouvelle écriture. Réagencés dans une même phrase, déclinée en autant de propositions que d’alphabets. Ces signes nous permettent de réinvestir le champ du signifiant/signifié pour nous en redonner les pistes.
Ce qui au départ ressemble à une tentative de s’immiscer à l’intérieur d’un process numérique permet paradoxalement, d’enrichir le champ des possibles. C’est en élargissant l’éventualité du signifié ou du non-signifié que ce champ d’enrichit. En effet, il revient à chacun de s’approprier comme il l’entend l’ensemble des produits qui en découle.
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Posté par Strada Muse