Le 30 novembre 2022
Gérer les caprices de mon enfant
Comment gérer les caprices de mon enfant?
Plus facile à dire qu’à faire ! Pas facile de savoir comment gérer les caprices de notre enfant…
Alors avant tout, commençons par nous poser certaines questions….
D’après vous est-ce que les enfants font vraiment des caprices ? Et d’abord, c’est quoi un caprice ? Les professionnels sont de plus en plus nombreux à savoir que les jeunes enfants ne font pas de caprices. Ils comprennent que les enfants ne font pas exprès d’être en colère. Au contraire, les enfants vivent des mouvements émotionnels forts qu’il est important d’accompagner.
Sachez que ce que nous appelons un caprice est en vérité un jugement de valeur que l’on porte sur l’émotion de l’autre parce qu’elle nous paraît injustifiée ; mais qui sommes-nous pour penser ça ?
Prenons un enfant de 3 ans qui se roule par terre dans un magasin parce que vous ne lui avez pas acheté le paquet de bonbons convoité. Vous êtes agacé, et rouge de honte en prime, et vous demandez bien pourquoi votre enfant se met dans un tel état pour un paquet de bonbons ! Regardons maintenant un adulte, vous par exemple, à qui on refuse votre RTT alors que vous avez déjà préparé votre w.end de 3 jours. Vous n’allez pas vous rouler par terre en criant, mais vous risquez de vous énerver ! La réaction est la même, sauf que l’enfant n’est pas en mesure de gérer une telle frustration, c’est donc l’explosion. Ce qui peut sembler sans importance pour l’adulte peut-être une véritable détresse pour l’enfant parce que ces émotions sont vécues de manière intense par immaturité cérébrale.
Comprendre son enfant, retrouvez la rubrique Parentalité de STRADA
Des tempêtes émotionnelles incontrôlables
Dans le cerveau le siège des émotions se situe dans ce que l’on appelle l’amygdale. Ces émotions sont comme un cheval sauvage. La partie pré-frontale quant à elle, a pour rôle de contrôler ses émotions. Elle joue donc un peu le rôle d’un cavalier qui tente de retenir l’animal sauvage. Les enfants ont par conséquent du mal à gérer les émotions fortes et intenses parce que cette partie du cerveau est encore immature. Les caprices avec les pleurs sont donc bien une incapacité à gérer les émotions et non pas un moyen de faire plier l’adulte en faisant la comédie.
Nous ne pouvons pas pleurer sur commande et encore moins un enfant, à moins d’être comédien professionnel. Les pleurs sont initiés par une partie du cerveau autonome. Lorsque l’enfant explose en pleurs c’est que son cerveau supérieur, le néocortex n’est pas assez connecté avec son cerveau émotionnel pour contrôler naturellement ses pulsions. Ce que l’on interprète comme un caprice est en fait un afflux neurobiologique qui envahit le cerveau de l’enfant ! Une explosion émotionnelle !
Les structures frontales du cerveau, ces zones qui ont pour mission de nous aider à gérer nos émotions se développent graduellement. Ainsi, de 0 à 6 ans, les enfants développent peu à peu le contrôle de leurs émotions. Particulièrement celles qui sont négatives : la peur, la colère, la tristesse.
Voici pourquoi il ne fait pas ‘exprès’
Un enfant qui s’énerve a toujours de vraies raisons : inquiétude, peur, frustrations, stress, anxiété, incompréhension, besoins non satisfaits, manque de liberté d’action (on fait à sa place) etc. Il ne se dit pas ″ tiens, je vais m’énerver ou je vais monter en excitation ″.
Ne vous est-il pas arrivé de crier lorsque la colère monte ou la peur ? C’est sorti malgré tout alors que vous avez la maturité de gérer vos émotions, cérébralement parlant. Nous sommes des êtres d’émotions. Les émotions font partie de nous. Elles sont aussi des réflexes de survie. Par exemple, la peur est une alerte face à une menace, réelle ou imaginée. La colère, elle, est le résultat d’une frustration face à l’expression d’un besoin non pris en compte. Les émotions nous disent tout si nous sommes à leur écoute.
Les pleurs d’un enfant expriment une revendication, une demande de reconnaissance pour protéger son intégrité. Si on réprime les émotions, ″ il se met dans tous ces états ″ et c’est ainsi que l’on peut rapidement mettre une étiquette d’enfant difficile sur un enfant qui est au contraire en détresse et qui a besoin de nous.
Se comporter en allié
En tant qu’adulte, nous devons donc faire preuve d’une grande patience et éviter de céder nous même à nos propres émotions. Cet engagement émotionnel de l’adulte est loin d’être facile, car les émotions de l’enfant sont parfois intenses. Mais le soutien et l’attention de l’adulte sont nécessaires afin d’apaiser une crise.
Comment s’y prendre?
- Aider l’enfant à traverser cette vague émotionnelle en étant à ces côtés (lui donner la main s’il accepte, poser une main sur son épaule, se mettre à sa hauteur en s’agenouillant près de lui)
- Lui montrer notre attention et notre intention bienveillante à son égard
- Soutenir l’enfant en l’aidant à mettre des mots sur ce qu’il est en train de vivre : ″ je vois que tu es en colère… ″
- Être à l’écoute plutôt que de réprimer est fondamental à la maturité émotionnelle. Ainsi accompagné, l’enfant apprendra à reconnaître, nommer et gérer l’émotion.
Pour vous aider
- Les Pros de la petite enfance Héloïse Junier, psychologue. Podcast
Posté par Marina Lemarié