Le 26 juillet 2024
Voici une constellation d’été… ou presque. En un sens on pourrait dire qu’elle est de mi-saison, puisqu’elle marque la fin du ciel de printemps et, placée juste à côté de la Lyre, l’arrivée du triangle de l’été. En même temps, elle est partiellement circumpolaire, c’est-à-dire qu’on peut la voir toute l’année, car elle est proche de la Polaire. Mais c’est à la bascule du printemps et de l’été qu’elle se retrouve haut dans le ciel. On peut alors l’observer facilement et en entier.
Suivre les chemins
Hercule n’est pas évident à trouver car il est composé d’étoiles peu brillantes. Il existe plusieurs façons de procéder qui toutes vont vous obliger à reprendre quelques points de repère de base. Une première solution consiste à retrouver Arcturus et Véga puis le quadrilatère qui figure le corps d’Hercule (son élément le plus identifiable) sur la ligne qui unit ces deux étoiles (chemin 1). Ma petite méthode à moi, c’est de repérer les deux casseroles, puis de suivre le Dragon qui serpente entre elles. Hercule se trouve juste après avoir dépassé la tête de l’animal (chemin 2).
Héros, dieu, maître du serpent
L’identité de la constellation a évidemment changé au cours des civilisations. Les Grecs l’ont appelée « l’agenouillé » avant de lui attribuer différents noms. Il a notamment été associé au dragon dont il semble tenir la tête sous ses pieds. Cette vision d’un serpent et de son vainqueur, les peuples de Phénicie (où il était le dieu Soleil) et de Babylone (où il était Marduk) l’avaient déjà eue. C’est finalement le choix d’Héraclès qui s’imposera, Hercule pour les Romains, symbole de force par excellence. Durant le 11ème de ses travaux, le héros tua le serpent gardien des 3 pommes d’or.
On peut imaginer le reptile enroulé autour du pôle boréal, comme il l’était autour du tronc de l’arbre dans le jardin des Hespérides. Ce qui fait d’Hercule rien de moins que le maître de l’animal lié à l’axe du monde.
Quant aux luminaires qui peuplent la constellation, on n’y trouve aucune étoile de renom. Son astre alpha, Rasalgethi, est peu brillant. S’il est censé représenter la tête de l’agenouillé (selon l’étymologie de ce nom venu de l’arabe), il ne participe parfois même pas au tracé de la constellation. L’objet céleste le plus fameux d’Hercule n’est pas une étoile mais l’amas globulaire M13 aussi appelé le grand amas d’Hercule, le plus brillant de l’hémisphère nord (rappelez-vous, jusqu’ici nous n’avons vu que des amas ouverts, comme les Pléiades). Bien qu’il rassemble des dizaines de milliers d’étoiles, des jumelles sont nécessaires pour le distinguer clairement.
C’est vers cet amas qu’un message radio a été émis en 1974 par la NASA – depuis feu le monumental radiotélescope d’Arecibo – dans l’espoir qu’il soit capté par une intelligence extraterrestre, à quelques 25000 années-lumière de nous. Une mission à la hauteur du héros : qui d’autre peut se vanter d’avoir rejoint le cercle très fermé des dieux de l’Olympe et celui des étoiles qui ne se couchent jamais ?
Amas globulaire
Il s’agit d’un amas d’étoiles très dense (jusqu’à plusieurs centaines de milliers d’étoiles)
généralement orbitant autour du noyau galactique. Ce sont des amas très anciens, bien qu’on u
trouve aussi des étoiles jeunes qui pourraient appartenir à une deuxième génération née dans
l’amas.
M comme Messier
M13 fait partie d’un catalogue d’objets célestes dits du « ciel profond » créé par Charles
Messier en 1774. Il liste alors des objets (relativement) fixes comme les étoiles, mais diffus – dont la
nature est alors mal connue. L’objectif est notamment de permettre aux astronomes à la recherche
de comètes de ne pas se méprendre. Messier a ainsi catalogué 103 objets auxquels ont été rajoutés 7
autres pour un total de 110.
Ce catalogue reste aujourd’hui une référence, notamment pour les astronomes amateurs qui
y trouvent une liste d’objets, autres que les étoiles, hors du système solaire, et accessibles avec du
petit matériel.
Le radiotélescope d’Arecibo
Un radiotélescope est en quelque sorte une grande parabole qui permet de capter de la
lumière, comme un télescope classique. Sauf qu’ici il s’agit de capter de la lumière à une autre
fréquence, invisible pour nous : les ondes radios. Les radiotélescopes peuvent ainsi fonctionner de
jour comme de nuit et sonder des portions de l’univers impénétrables à nos yeux. Ils permettent
également des constructions beaucoup plus vastes, puisqu’ils n’ont pas besoin de miroirs. La
parabole collectrice est faite en métal, avec une exigence de précision bien moindre par rapport à
celle d’un télescope optique. Le radiotélescope d’Arecibo, aujourd’hui démoli, en est un exemple
monumental. Après avoir longtemps été le plus grand radiotélescope d’un seul tenant du monde, il a
été dépassé par le radiotélescope sphérique de cinq cents mètres d’ouverture (FAST) en Chine.
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Posté par David Geneste