Rencontres, LES UNS LES AUTRES
Le 13 juin 2017
Un bricolage d’activités qui, mises bout-à-bout, permettent de faire vivre une personne et amènent un bonus d’humanité dans la commune.
Inventivité et polyvalence
Ce soir il y a un concert mais, pour l’instant, on est au calme, à l’apéro. Deux femmes sont assises au bar avec une bière locale, l’Irokoise de Saint-Vincent. Dans la salle, un groupe est attablé, les anciens avec un Ricard, les enfants à la grenadine. Côté salon, les caisses de récupération recouvertes de coussins rouges et les bons vieux fauteuils des années 50 seront tout à l’heure déplacés pour accueillir le groupe de musiciens. Derrière le rideau passe-velours, le bureau de poste. A droite, la caisse de l’épicerie.
Pour boire un verre, acheter du pain, du tabac, faire quelques courses, déjeuner d’une assiette de charcuterie ou réceptionner un colis, pas besoin de traverser la rue, tous ces services sont rassemblés dans un même lieu au cœur du village, face à l’église. Ils sont gérés par une seule personne : l’enthousiaste et chaleureux Guillaume Perret.
L’homme à tout faire
Guillaume travaillait comme régisseur aux Ateliers de Polignac, l’association culturelle qui a présenté pendant plusieurs années des spectacles pour les enfants. Quand la structure a fermé, le jeune homme a mis à profit le temps sans emploi pour se former en menuiserie et retaper avec Marine, sa compagne, une vieille ferme à Saint-Etienne Lardeyrol. Il fait bon vivre ici : les gens, le paysage, la proximité du Puy, beaucoup de choses les séduisent. La reprise du point multi-services semble taillée sur-mesure pour ce couple ouvert sur le monde. « Le relationnel que j’avais aux Ateliers, je le retrouve ici au Café-Épicerie des Huches. Le public est différent, mais il a la même énergie ! », souligne Guillaume, capitaine de ce vaisseau atypique qui a su capter l’engouement de la population locale.
Comment passe-t-on de régisseur culturel à gérant de Point multi-services ?
« J’ai dû suivre plusieurs formations, apprendre à gérer la poste, le bureau de tabac, le débit de boisson, le secteur alimentaire… C’est complexe comme travail ! Mais ça me va bien d’être factotum, homme à tout faire, je ne m’ennuie pas. »
Les horaires feraient fuir beaucoup d’aspirants-entrepreneurs ; en semaine, il est présent de 7h30 à 12h30 puis de 16h à 21h. Le vendredi et le samedi, il ferme plus tard, à minuit ou une heure du matin, « mais toujours en se levant le lendemain à 6h et demi », complète Marine qui vient d’arriver au Café. Le dimanche matin, il sert la clientèle pour le pain et le pot d’après la sortie de messe. Le lundi est jour de fermeture mais pas de repos, il faut s’occuper de l’administratif et de la compta. « C’est très prenant, mais plaisant », soutient l’homme qui fait 60 heures par semaine. Si Marine veut partager du temps avec son compagnon, elle vient aux Huches après sa journée de travail, passée au Puy. C’est pourquoi, même si Guillaume est le seul à s’être engagé professionnellement aux Huches, la reprise du Café-Épicerie émane d’un projet de vie réfléchi et choisi à deux.
Un concept qui amène de la vie
Le point multiservices a été impulsé en 2003 par la mairie de Saint-Etienne Lardeyrol qui souhaitait garder de la vie dans sa commune qui compte 740 habitants. Alors que les petits bureaux de poste disparaissaient, la mairie a décidé de gérer elle-même le service, quitte à créer un emploi à temps partiel. Un local polyvalent et une habitation ont été mis à disposition d’un couple souhaitant s’installer dans le village pour tenir un commerce avec des services basiques : poste, petite épicerie, dépôt de pain, café et restauration de type snack.
Guillaume était alors déjà convaincu par le concept : « J’étais client et je trouvais cet endroit génial. Quand Isabelle et Edmond ont pris leur retraite, je voulais qu’il y ait une suite. J’ai fait une proposition et la mairie a retenu mon projet».
En mars 2017, le multi-service Parowsky est devenu le Café-Épicerie des Huches, du nom des sucs qui surplombent le village : « Je le vois comme une maison de quartier rurale. On y vient pour papoter, pour se poser, pour lire, pas forcément pour consommer », explique le nouveau gérant. L’important, c’est d’échanger… des paroles, des livres, et même des fringues car vendredi prochain, c’est friperie.
L’épicerie, classique, tend à proposer de plus en plus de produits locaux, on y trouve un rayon bio, du vrac, des jeux en bois et des graines, un coin jeu qui incite les enfants à accompagner leurs parents aux courses.
La partie café n’était pas beaucoup utilisée par les prédécesseurs, le lieu a été aménagé, décoré, et comme Guillaume a su dynamiser cette activité, les clients sont contents de trouver un lieu où ils peuvent se retrouver… trois générations se côtoient, les liens se retissent.
L’intelligence de la coopération public/ privé
La mairie est propriétaire du bâti qu’elle loue. Elle verse un petit salaire d’employé communal à temps partiel pour tenir la poste et s’engage à faire quelques courses à l’épicerie. De son côté, Guillaume paye un loyer pour le local et la licence boisson, s’engage à assurer les services de poste, dépôt de pain, épicerie, café. Il fait même des courses pour l’école. Il cumule les statuts de salarié et d’indépendant.
Les rendez-vous à venir :
Concerts, show d’impro, Ateliers premiers secours, œnologie, après-midi contes, tricot…
Posté par Joëlle Andreys