Estelle et Sylvain ont un univers singulier. Ils en jouent, en jouissent, cultivant leurs penchants pour des collections insolites qui prennent place dans leur demeure.
Le propriétaire venait juste de poser le panneau « à vendre » lorsque Sylvain et Estelle sont passés devant par hasard. L’ancienne ferme sur les hauteurs de Saint Julien Chapteuil n’était pas une ruine mais il était temps de s’en occuper, le toit recouvert de lauze n’allait pas tenir longtemps. Le couple stéphanois était alors en gros besoin de nature. Ils se sont décidés tout de suite.
De gros travaux ont été nécessaires pour la rendre habitable. La maison de la Chapuze est devenue une belle maison de week-end et de télétravail, où l’on invite les amis et même parfois des clients en quête de déconnection.
Les volumes originels ont été conservés, les matières utilisées font dans la sobriété, mais du côté du mobilier et de la déco, les propriétaires se sont fait plaisir dans un style très personnel. Sylvain et Estelle sont des collectionneurs qui aiment chiner : entrer chez eux, c’est découvrir leurs marottes et voyager ainsi dans des univers singuliers. En avant la visite.
L’intuition des règles bioclimatiques
Cette vieille bâtisse est bien conçue. Les anciens l’ont construite avec bon sens et l’intuition (ou l’observation) des règles bioclimatiques. Ils vivaient dans le carré d’habitation. Une cuisine toute simple au rez-de-chaussée, un cellier et une chambre contre le mur de l’étable. Au-dessus de leur tête, le foin de la grange protégeait des rigueurs hivernales. Un chambrou – petite chambre en patois local – était aménagée juste au-dessus de la cheminée.
De larges ouvertures au sud. La porte d’entrée et des ouvertures de taille plutôt généreuses d’origine n’appellent pas la création de nouvelles fenêtres. Les rayons du soleil entrent largement et réchauffent l’air ambiant.
Le mur nord est semi-enterré. Avant, c’était l’emplacement du cellier en terre battue. L’humidité a été jugulée par un système de drainage sous une dalle. Les pierres du mur en contact avec la terre restent à température constante tout au long de l’année. Elles régulent la température du rez-de-chaussée, très agréable l’été. La finition du sol en béton vitrifiée est sobre, comme l’ensemble du rez-de-chaussée.
Apporter des touches de rusticité
La maison de Sylvain et Estelle
L’entrée arbore un style industriel : une poutre d’IPN côtoie de simplissimes cloisons en tripli. Un choix effectué pour la rapidité de sa mise en œuvre, mais pas seulement. Les occupants aiment les matériaux simples. C’est perceptible dans le traitement de l’espace, le choix des matières, et dans certains détails. On aime particulièrement ses peintures semi-mates. Dans la cuisine, un vert sauge inspiré des chalets estoniens. Elle recouvre les murs jusqu’au fronton de l’ancienne cheminée. Un fourneau à bois a pris place dessous : « un vieux rêve non négociable ». Il chauffe la cuisine et cuit les plats en même temps. Les vieilles façades des placards en bois, typiques des fermes de cette région, n’ont pas pu être sauvegardées.
Comment amener une touche de rusticité aux meubles de cuisine classique?
Un vieil évier a remplacé l’attendu bac en inox. Un épais plateau en bois massif coiffe un ilot qui fait aussi office de bar ou de mange-debout. Des lames de douglas habillent les murs et les plafonds. « J’aime bien le douglas, relève Sylvain, c’est un bois qui se tient dans le temps, garde ses tons clairs et rosés, il ne jaunit pas. » Des façades de belle qualité habillent les caissons du géant suédois.
Cet ensemble de choix pimpe un ensemble plutôt classique. Mais alors où se niche l’originalité, vous demandez-vous ?
» On pratique la déco par accumulation d’objets «
Dans l’angle sud ouest, un tableau de la vierge attire le regard. Incongru ? Pas vraiment. Dans cette même veine, le couloir est un hall d’exposition d’œuvres liturgiques. Un repère de catholiques intégristes? Pas du tout. « Je suis agnostique mais je trouve intéressante la dimension artistique, l’histoire, la compréhension des codes…
Dans la maison de Sylvain et Estelle, on pratique la décoration par accumulation d’objets, l’art liturgique en fait partie. Ce n’est pas leur seul centre d’intérêt ; la vierge qui nous a surpris est proche d’une plaque d’immatriculation en fer-blanc trouvée dans le jardin, des objets et figurines trônent sur le rebord de la cheminée dont un nain de jardin, chaque objet raconte une histoire.
Dans la chambre du bas, même histoire. Des tissus floraux, une guitare électrique, et sur la tête de lit- lit bateau campagnard Louis Philippe- trône la collection de ‘pouets’ d’Estelle, ces anciens jouets en plastique souple qui pouêtent, couinent ou sifflent quand on les presse… C’est tout mignon et ça ne ressemble à rien de connu.
Mis en valeur des volumes originels
La grange de la maison de Sylvain et Estelle est devenue un vaste salon. Il nous semblait important de conserver les volumes originels, précise Sylvain. Nous adhérons complètement à ce choix.
Des éléments de charpente restent apparents. Les potelets, ces supports verticaux en bois à l’intérieur des murs, ont bien sûr été occultés par l’isolation nécessaire, mais les jambes de force d’origine qui les relient aux arbalétrirs sont joliment mises en valeur sur fond bleu nuit, soulignés par une corde de chanvre qui évite les entrées d’air et cache le joint de dilatation le long des murs. Des fenêtres de toit de larges dimensions rythment la structure en utilisant l’espace entre trois arbalétriers. Un lustre parfait la mise en scène.
La partie haute a été transformée en mezzanine. Elle accueille un espace qui a plusieurs fonctions. Il sert de bureau quand Sylvain est en télé travail. C’est aussi une chambre d’ami. Visez le grand écran : le lit sert parfois de canapé devant un bon film. Des surfaces peu accessibles, où la pente du toit rejoint les murs, ont été intelligemment transformées en espaces techniques.
Sous la mezzanine, place à l’intimité : un hall dessert la chambre d’Estelle et Sylvain et une salle de bain. On remarque que malgré la surface plus que conséquente (150 m2 par niveau ?) il n’y a pas de dressing-room. Normal, le couple préfère les grandes armoires, chinées ou récupérées auprès d’amis qui changent de mobilier.
Quel chauffage pour cette grande maison ?
Ce mix de collections, d’œuvres d’art, d’antiquités et de récup’ fait le charme du lieu. Une réussite.
Notez que Sylvain n’en n’est pas à son premier essai. Il a lancé en 2018 une collection de lieux entre cowork espaces partagés et salles de réunion avec la même recette : un jeu de déco, d’art et de pieds de nez à la norme. Une collection de lieux conçus et gérés par Sylvain Vallier comme autant d’environnements propices aux interactions sociales et professionnelles. www.coworking-saint-etienne.fr
Ici, on pratique l’Outwork
il arrive que Sylvain accueille ses clients dans sa maison de La Chapuze. Le outwork c’est la version contemporaine du séminaire d’entreprise. Quand on a besoin de se concentrer sur un sujet, rien de mieux que de s’extraire du quotidien (urbain), de se reconnecter avec la nature. On voit alors les choses différemment, des solutions émergent…
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Posté par Joëlle Andreys