Près de 90% des français estiment que l’air dans leur logement est de bonne qualité et c’est faux. L’air de nos intérieurs, que ce soit celui de notre logement, du lieu de travail ou des lieux publics, serait 8 fois plus pollué* que l’air extérieur. Nous y passons les quatre cinquièmes de notre temps. Les substances toxiques incriminées sont présentes dans les matériaux de revêtements, et le mobilier. Pour nous protéger, adoptons les bons réflexes d’une déco saine.
Reconnaître les matériaux à risque et s’orienter vers des alternatives plus saines. Pour se protéger efficacement contre ce type de pollution, commençons par nous interroger sur les matériaux et le mobilier qui nous entourent, et sur ceux que nous projetons d’acheter.
* Sources : études de l’ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire, Alimentation Environnement Travail) et l’OQAI (Observatoire de la Qualité de l’Air Intérieur).
Les différents types de matériaux
LE BOIS
En matière de bois, les premiers polluants sont les traitements de surface du bois (PVC, vernis synthétiques, laques polyuréthanes) et les panneaux de particules à cause de la colle. Or, la quasi-totalité du mobilier provenant de la grande distribution est réalisé en panneaux de particules. On retrouve : les meubles de cuisine, les plans de travail stratifié, les meubles de salle de bains, les tables, chaises et structures de canapé, les armoires, le mobilier de rangement divers, les sommiers et tours de lit, jusqu’aux lamelles de parquet stratifié. De plus, le bois a la capacité de stocker les polluants, puis de les disperser lentement dans l’air intérieur durant de longues années.
Où se cachent les polluants ?
Dans le médium (MDF), les panneaux de stratifié ou de mélaminé, l’OSB, les panneaux de lamelles de bois, le lamellé-collé, les panneaux 3 plis, le contre-plaqué.
Quelles alternatives ?
- La récup de meubles anciens. Le mobilier en bois fabriqué avant la révolution industrielle n’a pas été contaminé. Si vous aimez le style vintage des années 70, rassurez-vous, les polluants ont déjà été relargués. Attention toutefois pour les personnes qui souhaitent relooker leurs meubles : il faut bien poncer avec un masque, puis rénover le meuble avec des peintures sans COV prévues à cet effet. Par exemple la peinture Pure and Paint n°4 satin.
- La deuxième alternative est de choisir du mobilier massif, vernis ou peint avec des produits naturels (huile de lin, laque végétale à l’eau). Cette solution est intéressante pour faire du sur-mesure et valoriser l’artisanat local. Il faut cependant patienter pour sa fabrication et prévoir un budget un peu plus conséquent.
- La troisième option est de trouver des fournisseurs de mobilier impliqués dans la réduction des COV, et affichant déjà les étiquettes de la norme en cours de validation (prévue pour 2020). L’affichage E1 pour les panneaux par exemple, permet de garantir un taux limité de formaldéhydes.
LES METAUX
Le métal est de plus en plus utilisé en intérieur avec la démocratisation de la tendance industrielle. Trois types de métaux sont régulièrement utilisés en intérieur : l’inox, l’aluminium, l’acier, pour fabriquer des appareils sanitaires (robinetterie, évier de cuisine en inox), du mobilier (chaises, tables, bibliothèques, étagères), des articles de décoration, les huisseries en métal (verrières, fenêtres cadre métal). Souvent laqués en noir, leur esthétique est forte et intemporelle.
Où se cachent les polluants ?
Leur traitement (contre la corrosion par exemple) et leur revêtement de surface posent problème. La peinture polymère et les finitions au chrome peuvent être volatiles, elles peuvent contenir du bisméthoxyéthyléther et du trichlorométhylbenzène.
Quelles alternatives ?
Dans la mesure du possible, il faut privilégier les aciers thermolaqués : peinture en poudre sans solvant fixée par projection électrostatique. Cela implique que le revendeur de mobilier à qui vous vous adressez dispose de cette information. Le plus sûr est de faire laquer soi-même son métal par une entreprise spécialisée.
LE PLASTIQUE
Le plastique est présent partout dans notre intérieur. Plébiscité pour la diversité de possibilités qu’il offre et sa facilité de mise en œuvre, c’est le matériau du 21è siècle. Hélas, en plus d’être extrêmement agressif pour l’environnement, il est source de nombreuses émissions de COV dans nos intérieurs. Matériau poreux, des particules fines s’en détachent, s’il y a des changements de température, des frottements, un contact avec de l’eau, ou au cours du temps. Selon le type de plastique, différents produits chimiques alliés à un dérivé de pétrole émettent des substances nocives dans l’air : du styrène, du dichloroéthane, des phtalates.
Où se cachent les polluants ?
le PVC, le plexiglass, l’ABS servent à fabriquer du mobilier d’intérieur (chaises moulées, tables basses), du mobilier extérieur (fauteuils en résine tressée), des bacs de douche, des baignoires, de la vaisselle, des ustensiles de cuisine, des objets décoratifs, des luminaires, des boîtes de rangement et du sol souple.
Quelles alternatives ?
Le plastique est peut être irremplaçable dans l’industrie, mais on peut facilement le substituer dans nos intérieurs. Préférez la vaisselle en céramique ou en porcelaine, achetez une chaise en bois ou en fibres naturelles si vous tenez au style Eames. Le mobilier en PVC en général a des alternatives en naturel (bois, bambou, liège, osier). Les sols souples doivent être remplacés par des sols inertes comme la céramique ou naturels et respirant (liège, OSB). Le verre est une bonne alternative au plexiglass.
LES MATERIAUX COMPOSITES
Dès que leur composition est de matière naturelle + résine, vous êtes en présence d’un matériau composite. Pierre reconstituée, pâte de verre, plans de travail en quartz, panneaux de fibre de verre, béton ciré, panneaux de résine pure en font partie. Ce sont souvent des imitations de matières naturelles : parements en fausses pierres ou fausses briques, plans de travail, intérieurs de douche, sols et murs.
Où se cachent les polluants ?
Le problème est la résine contenue dans ces matériaux, qui est d’origine chimique, souvent plastique, elle contient des perturbateurs endocriniens
Quelles alternatives ?
Les matériaux naturels : le verre, le bois, la céramique, la pierre naturelle (marbre, granit et autres).
LES MOUSSES
Les mousses ont une place discrète mais bien présente dans nos intérieurs. Ce sont, malheureusement, les plus grands polluants. Mousse polyuréthane et latex synthétique entrent dans la composition de toutes les assises rembourrées : canapés, fauteuils, chaises, matelas, coussins, banquettes, poufs. Et à chaque fois qu’on s’y assied les traitements non-feu et anti-acarien à base de phtalates, chloroéthyl de phosphate et dichlorométhane qui imprègnent la mousse sont relâchés dans l’air.
Quelles alternatives ?
Pour les matelas, il existe des solutions en latex naturel ou en laine de mouton. Concernant les assises, on peut revenir aux traditionnels rembourrage en crin, en plume, en coton, et aux ressorts, mais ces alternatives sont quasiment introuvables sur le marché. Le meilleur compromis à l’heure actuelle est de se passer des assises rembourrées, d’investir dans la literie de qualité (label OEKO TEX ou CERTIPUR), et d’acheter des canapés et fauteuils d’occasion ayant plus de dix ans (les polluants se sont déjà échappés).
Rénovation complète d’une maison de campagne, optimisation des espaces et conseils en matériaux naturels (bois, pierre). Projet Mathilde Intilla 2019 Loire / Haute-Loire – particuliers.
LES MATERIAUX DE RECOUVREMENT
Les matériaux de recouvrement ne sont pas en reste dans la pollution de nos intérieurs, ce sont aussi eux qui stockent la poussière et invitent les acariens dans nos logis
Où se cachent les polluants ?
Ils se trouvent dans les textiles, les cuirs, les tentures murales, les revêtements de sol en fibres synthétiques. Qu’est-ce qu’on fabrique avec ? Tous les tissus d’ameublement (housses de coussins, canapés, fauteuils, rideaux), le cuir et similicuir (canapés, chaises), les moquettes, ainsi que tous les papiers peints (tissus et papier).
Quel est le problème ?
Le premier problème est le polyester : 80% du tissu d’ameublement en est composé. C’est un dérivé de pétrole qui se défait de ses particules avec le temps et les frottements. Le second problème se trouve dans les encres : afin de réaliser un motif ou une couleur, on imprègne le tissu de colorants chimiques. Le troisième problème est le traitement final du tissu : retardateurs de flammes, antitaches, antidéperlant, anti-acarien, et autres. Ils contiennent des substances hautement toxiques en contact direct avec notre peau et nos voies respiratoires.
Quelles alternatives ?
La première étape est de regarder la composition du tissu : préférez des fibres naturelles (coton, lin, chanvre, laine) et bio si possible, le label GOTS est un bon repère. Prenez des tissus non colorés, non traités (je rappelle que le coton blanc 26 n’existe pas à l’état naturel, mais qu’il existe des teintes réalisées à partir de pigments naturels.) Concernant les traitements du textile, il sera difficile d’y échapper si vous vous fournissez chez un industriel. Vous pouvez faire confectionner vos étoffes par des artisans tisseurs indépendants et choisir de ne pas traiter vos tissus, mais sachez que pour l’instant vous serez considérés comme « hors-la-loi » !
Refuser les matériaux et le mobilier polluant c’est ouvrir un immense champ des possibles. C’est devenu ma chasse au trésor, et à chaque fois que je trouve une nouvelle solution, j’ai le sentiment d’être sur la bonne voie. Plus nous serons nombreux à choisir des solutions alternatives plus vite elles deviendront la norme.
Vous aussi, rejoignez le mouvement de ceux qui essayent de faire différemment.
Mathilde INTILLA
le GUIDE DU MOBILIER ET DES MATERIAUX POLLUANT L’AIR INTERIEUR ET LEURS ALTERNATIVES. Pour en savoir plus, télécharger-le gratuitement depuis le site internet de Mathilde Intilla, architecte d’intérieur écologique : www.cityzend.com
Posté par Strada Muse