Le 26 mars 2025
Le lait de montagne de Haute-Loire devient HVE
Fabienne Demars est exploitante agricole du GAEC des Bouines à Saint Front avec son mari.
Ensemble, ils ont repris l’activité des parents de Joël. A deux, ils élèvent une quarantaine de génisses, et gèrent 60 vaches laitières plus les travaux des champs. C’est une exploitation de taille moyenne pour le secteur mais ce n’est pas le travail qui manque. Fabienne et Joël ne comptent pas leurs heures mais font parfois appel au service de remplacement pour partir en vacances. Pour faire évoluer la filière Bovin-lait, ils sont l’un et l’autre impliqués : lui au Comité Mézenc Meygal et à la Cuma, elle à la Chambre d’Agriculture et à l’Organisation de Producteurs Gerentes.
» Le défi des années à venir pour nos exploitations de montagne, c’est de trouver de la valorisation pour la transmission de nos exploitations. »
Un agriculteur sur deux dans les dix années à venir va partir en retraite. Comment inciter des jeunes à prendre la suite ? » Je me mets à la place d’un jeune qui veut reprendre une activité de bovins-lait et notamment en zone de montagne, explique Fabienne Demars, les charges de structures sont lourdes; il faut des bâtiments aux charpentes plus solides qu’en plaine, du bac acier isolant, des fosses avec des capacités de stockage plus importantes pour les effluents d’élevage l’hiver …« . Ajoutez des tâches administratives de plus en plus pesantes… cela peut faire reculer. « D’où l’intérêt de valoriser au mieux notre lait ».
Des organisations de producteurs pour négocier les prix du lait
Les organisations de producteurs se sont constituées avec la fin des quotas laitiers, en 2015. « Du jour au lendemain, l’Etat nous a lâché. On s’est regroupé pour aller négocier les prix et maintenir les volumes sur chaque exploitation. » Une douzaine d’éleveurs représente les producteurs laitiers de montagne – sur le secteur de Tence, Yssingelais, Mézenc, le Monastier… – et rencontrent une fois par trimestre ‘leur’ entreprise : Gerentes, l’entreprise familiale du plateau, à laquelle certains livrent leur lait depuis 3 générations. Un lien fort d’interdépendance unit la famille Gérentes et les producteurs. Les gérants sont appelés par leurs prénoms, et les producteurs apprécient d’être considérés. « Nous ne sommes pas des numéros. 150 producteurs en bovin lait, une dizaine en brebis, autant en chèvre, c’est petit ; quand on va voir Pierre ou Didier on est reconnu, ils connaissent ‘ leurs’ éleveurs.
Comment se passent leurs rencontres ? ‘ Très bien. Chacun a ses convictions et défend ses intérêts, mais on arrive toujours à trouver des compromis.’
Didier Gerentes a ainsi proposé le passage à HVE à ses partenaires et pris en charge les coûts de certification. Après 4 années d’audit, les collectes de lait ont obtenu le fameux label avec 95 % du litrage certifié. Le sésame leur ouvre les portes de la restauration collective et leur facilite le référencement en grandes surfaces.
C’est ainsi que les producteurs laitiers de Gérentes sont entrés dans la HVE.
Le Label Haute Qualité Environnemental est pour eux un moyen de donner de la valeur ajoutée à leur lait et de lui assurer des débouchés sans faire peser plus de contraintes sur leurs exploitations. » Nous n’avons pas eu à changer les process de nos exploitations pour obtenir ce label parce que nous faisons déjà un travail consciencieux et que nous faisons pâturer des prairies naturelles, que nous entretenons. Comme nous avons très peu de production céréalière en altitude nous ne sommes pas concernés par les seuils d’utilisation de pesticides et d’herbicides ». A la marge, l’obligation du respect des normes à contraint certains à plus de rigueur sur le tenue de leur cahier d’épandage. C’est tout. Le label HVE s’appuie donc sur des critères de qualité bien adaptés à l’agriculture en zone de montagne.
A la clef, une plus value de 15 € les 1000 litres de lait. » En fonction du litrage, vous pouvez obtenir au bout d’une année l’équivalent d’un demi Smig voir un Smig, c’est du beurre dans les épinards ! s’enthousiasme Fabienne Demars. Pour son GAEC des Bouines qui produit 400 000 litres de lait par an, l’accord passé avec l’entreprise Gerentes et la certification HVE lui rapportera 6000 euros de plus value, une somme pas anodine, et qui sera susceptible d’augmenter dans les années à venir avec le développement du marché de la restauration collective et la revente en grandes surfaces. « Très peu de laiteries vont pouvoir afficher du HVE sur leur briquettes de lait, je crois qu’on est les seuls certifiés à ce jour… ‘ précise l’agricultrice.
Une valorisation suffisante pour attirer de la jeunesse dans nos fermes d’altitude ?
La mention Haute Valeur Environnementale
La mention Haute Valeur Environnementale s’appuie sur des indicateurs mesurant la performance environnementale des exploitations. Elle est fondée sur quatre thématiques : la préservation de la biodiversité, la stratégie phytosanitaire, la gestion de la fertilisation, la gestion de l’irrigation. Pour autant son logo et son nom peuvent prêter à confusion. Il ne s’agit pas d’interdire pesticides, herbicides et …mais d’une agriculture ‘ raisonnée’ avec des seuils de tolérance. Nous sommes donc très loin du cahier des charges de la production en bio. À ne pas confondre
Posté par Joëlle Andreys