Leaticia DELABRE

Une passionnée du terroir au service du goût  

Derrière ses propos modestes et sa légère réserve, Leaticia Delabre cache une femme de défis. Dans sa cuisine collective du collège Jean Monnet, elle a su créer une cuisine qui a du sens, qui éveille les papilles, éduque au goût et respecte l’environnement.

Regard malicieux, sourire gourmand, Leaticia Delabre m’accueille chez elle dans une odeur enveloppante de beurre caramélisé qui trahit le cake à la banane récemment sorti du four. Il m’attend sur la table à côté de la cafetière fumante. « Ça permet de recycler les bananes trop mûres, quand les enfants n’en veulent plus« .  

Voilà, tout est dit, la gourmandise, la générosité dans l’assiette, le souci de ne pas gaspiller… On pourrait presque arrêter là le portrait de Leaticia. Mais cette cheffe de cuisine a plus d’un tour dans son tablier. Alors reprenons.  

Cette cheffe de cuisine a plus d’un tour dans son tablier

Notre jeune quinqua (« on peut aussi dire 2×25 ans ! » me reprend-elle dans un sourire complice) n’a pas toujours vécu sur les hauteurs d’Yssingeaux. Son enfance nomade au gré des affectations militaires de ses parents l’a menée de Mayotte à l’Allemagne, en passant par la Réunion et le Maroc. Trajectoire qui lui a laissé une curiosité et un goût prononcée pour la diversité des saveurs et une remarquable capacité d’adaptation. A 14 ans, trop jeune pour débuter son CAP cuisine, elle arrache une dérogation aux institutions pour entrer dans le monde culinaire qu’elle ne quittera jamais plus.  

C’est il y a 30 ans environ, qu’elle débarque à Yssingeaux pour se former à l’école de pâtisserie. C’est à la même époque qu’elle rencontre l’homme de sa vie et qu’elle décide de s’implanter au pays des Sucs avec lui… juste à côté de l’école. Pourtant c’est une autre histoire d’amour qui fait d’elle la cheffe cuisinière qu’elle est aujourd’hui au Collège Jean Monnet. Car Leaticia s’est rapidement prise de passion pour la Haute-Loire, ses paysages, la richesse des produits de son terroir et surtout la chaleur qu’elle a trouvé chez ses habitants. Tout ce qu’elle a reçu ici, elle a voulu le rendre depuis sa cuisine.  

Mais ça n’a pas été tout de suite le cas. Il a fallu d’abord trouver un juste équilibre de vie. Être cuisinière passionnément, femme et mère avec autant d’enthousiasme, ça demande des concessions. Alors elle travaille quelques années en cuisine à l’hôpital, avec des horaires qui permettent de concilier vie familiale et professionnelle. Mais l’ennui et la frustration de ne pas pouvoir développer librement sa créativité finissent par la rattraper.

Lorsque l’opportunité de créer la cuisine dont elle rêve se présente au collège Jean Monnet, elle saute le pas, sans hésitation. En un été, elle met en place son plan de bataille. Objectif : offrir chaque jour aux 480 élèves et adultes une cuisine saine, locale, savoureuse et respectueuse de l’environnement. Place alors aux produits frais et de saison, aux approvisionnements locaux, aux astuces anti-gaspis, aux animations qui réconcilient les élèves avec les saveurs authentiques ou exotiques…

En à peine trois ans, Leaticia, à la tête de son équipe, révolutionne la cantine scolaire !  

Le récit de ce cheminement et comment cette femme à la volonté inébranlable a su faire de sa vision une réalité, Leaticia nous le livre avec modestie dans le portrait du podcast elles ici.

 elles, ici vous emmène chaque mois à la rencontre d’une femme, à la fois ordinaire et singulière, qui agit au quotidien pour changer son territoire et nous invite à lui emboîter le pas. Utile autant qu’inspirant, chaque épisode d’elles, ici délivre des conseils pratiques pour passer à l’action. 

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