Associations, Connaissance de soi
Le 30 septembre 2014
C’est sans doute la question que les citoyens français se posent quand ils lisent les nombreux témoignages qui ont fleuri suite à « l’affaire Vincent Lambert ». Le grossissement médiatique d’histoires dramatiques véhicule l’idée fausse que ces affaires sont fréquentes et réduit parfois maladroitement et souvent drastiquement la question de fin de vie a un un seul choix binaire ”Pour ou contre” ; est-ce bien là la seule question qui devrait sortir de ce drame familial ? Et le rôle du soignant devra t-il se limiter à simplement accompagner le choix de fin de vie ? Nous, soignants, n’avons nous pas le devoir de soignant et de citoyen de justement, éclairer la réflexion du malade – réel ou potentiel- qui est en face de nous ?
La loi Leonetti de 2005 permet de répondre à la majorité des situations, encore faut-il qu’elle soit connue et appliquée… Elle donne la possibilité de la sédation palliative ; elle propose à chacun d’entre nous d’écrire et donc de réfléchir à ces directives anticipées – dans le cas de Vincent Lambert, la question aurait pu être posée en amont, avant la décision de réanimation ; la loi actuelle impose la réflexion pluridisciplinaire et elle condamne l’obstination déraisonnable, alors que peut-on attendre de plus d’une nouvelle législation* ?
La loi donne un cadre, mais plus le cadre est souple, plus il peut s’adapter à l’individu : est ce qu’une nouvelle loi pourrait répondre aux attentes individuelles de chacun ? et est elle nécessaire ? Peut-on donner une réponse définitive au questionnement de la vie ?
Pour quelles raisons serait-ce à la médecine de condamner à mort certaines formes de vie ? On peut toujours s’interroger sur le sens de certaines existences, en état de conscience minimale mais doit-on pour cela se limiter à les faire se terminer plus tôt ? Doit-on pour gagner du temps abréger celui de l’autre ?
D’autres propositions sont à inventer. Coincés entre l’obstination déraisonnable et la non assistance à personnes en danger – malgré les performances technologiques et l’humanité – les soignants ont dû apprendre la collégialité ; et, quand la vie n’est vraiment plus supportable, ne peut-on pas simplement faire référence à la loi actuelle – la sédation palliative – avec l’accord de celui qui a pensé à le dire, se référant à ces directives anticipées ? Au lieu de se cantonner à une réflexion binaire, ne pourrait-on prendre le temps d’éduquer les gens à penser à eux, penser à ce qu’ils souhaiteraient pour eux ? Est-ce si difficile de prendre le temps de penser à soi, au sens de sa vie ? à sa mort ? Doit-on laisser aux politiques le poids de cette décision, et se dire que notre approche de la mort après s’être laïcisée, puis médicalisée, s’est finalement politisée ? et que notre vie se limite à : « alors l’euthanasie, vous êtes pour ou contre ? »`
RESOPAD 43 est un réseau de soins palliatifs et d’accompagnement médico-psycho-social à domicile. Resopad 43 adhère à la Société Française d’Accompagnement et de Soins Palliatifs : la SFAP. Il s’efforce de préserver la meilleure qualité de vie possible jusqu’au décès. 04 71 04 73 20 www.resopad43.org
* Les rapports sur la situation de fin de vie sont récents,une nouvelle loi est en cours d’élaboration alors que le Comité Consultatif National d’Ethique ne préconise pas de changement.
plusdignelavie.com
www.ccne-ethique.fr
L’observatoire national de la fin de vie : www.onfv.org
Des chiffres
Plus de 80% des français souhaiteraient passer leurs derniers instants chez eux, mais seulement 25,5% des décès surviennent effectivement à domicile. 13 000 personnes âgées meurent aux urgences chaque année (ONFV, 2013)
« Je découvre en ce moment ce qu’est l’euthanasie passive et j’avoue que je suis sidérée – peut être qu’il est impossible de ne pas l’être quand on est impliqué directement mais j’ai du mal à trouver cela moins violent que l’injection fatale – Je me demande comment se passe la prise en charge ailleurs, quels rituels accompagnent ce passage ailleurs ou même ici dans nos campagnes et comment faisait-on avant que la mort ne devienne une étape médicalisée qui se vit dans les hôpitaux. » Christiane
Posté par web strada