Le 21 mars 2014
(adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({});
Le sourire est lumineux, l’accueil chaleureux, le regard malicieux. Dès le premier abord, Ludovic Michel inspire la sympathie. Et quand on connaît son histoire, l’admiration se rajoute à cette première bonne impression.
Récit – A 26 ans, au cours d’un trek en Islande, un AVC (Accident Vasculaire Cérébral) terrasse Ludovic . Il est transféré dans une petite unité hospitalière de l’arrière-pays, puis à Reykjavik, plongé dans un coma thérapeutique avant d’être rapatrié en France. Il est alité en permanence, sans pouvoir bouger, il a perdu l’usage de la parole et les médecins ne prévoient pas d’améliorations. Pourtant, dans la tête de Ludovic, tout est clair, mais les mots adéquats ne sortent pas. Il se souvient d’avoir rencontré sa grand-mère, en rêve, et depuis ce moment décisif, il a la conviction qu’il peut s’en sortir. Une nuit, il se décide à marcher. Seul, il se met debout… et tombe. Il ne perd pas courage pour autant. Plusieurs fois, il va recommencer l’expérience, seul, puis en rééducation. Alors qu’il ne parle toujours pas et ne sait plus se servir d’un ordinateur, il convainc ses employeurs de le reprendre. «Avant l’accident, j’étais employé à Gaz de France à Clermont-Ferrand, mon poste a été transféré à ERDF au Puy, aménagé en fonction de mon handicap, et j’ai demandé un temps plein. J’ai mis deux ans à me remettre à peu près de cet accident, mais malgré un bout de cœur en moins, un seul poumon et cet AVC, j’ai la patate ! » Pour preuve, ses multiples défis sportifs. En 2011, sponsorisé par son employeur, il est compétiteur au championnat de France en ski alpin handisport. En mai 2012, il participe au raid Free Handi’se Trophy, une course qui rassemble travailleurs valides et handicapés, pour témoigner qu’on peut embaucher et intégrer des personnes handicapées dans une équipe de travail. Avec ses amis de Bouzols (où il habite) et sa famille, qui a toujours été très présente, il pratique régulièrement la marche, le vélo 3 roues, le ski (ses frères sont moniteurs aux Estables), la natation et même l’escalade « mais je grimpe en second »… —–
Ludovic, même avec ses 80 % de handicap, est tout à fait intégré dans la vie.Est-ce à cause de son passé aventureux et sportif ? « Je faisais de la marche, des voyages, de l’escalade. » D’un sacré coup de chance ? « J’ai dû réapprendre à marcher, à parler et j’ai déjoué les diagnostics des médecins qui n’y croyaient pas. » Ou bien grâce à la présence sans faille de son entourage ? « Si j’ai réussi, c’est grâce à ma famille, mes amis, mon employeur et mes collègues de travail qui ne m’ont pas laissé tomber. »Peut-être est-ce tout simplement à cause d’un appétit de vivre prodigieux. Un appétit qu’il aime à partager. Il s’implique dans des projets dans lesquels le collectif est important : – il participe à des randonnées avec des collègues handicapés et leurs proches, « pour vivre mieux, pour les aider à s’insérer dans le travail, et pour le plaisir du sport… » ; – alors que d’autres aspirent à une certaine routine, Ludovic se forme à la direction de Villages Vacances ( les CCAS) pour changer de travail deux fois par an et « parce que j’aime les gens ». Dans son genre, cet homme est un passeur ; par sa grande sociabilité, ses multiples échanges, il modifie le regard sur le handicap, ou plutôt l’abstrait, pour qu’émerge l’essentiel : l’être humain.
Posté par Joëlle Andreys