Le 17 juin 2019
L’accès est pittoresque. Depuis Ours, sur les hauteurs du Puy, on emprunte un chemin indiqué en cul-de-sac. Il faut laisser la voiture au parking en haut, nous a indiqué la propriétaire. C’est à pied que nous longeons les imposants blocs de basalte avant de rejoindre la première maison de vigne.
C’est beau. La vue est ouverte, fait face au Mézenc, et sous les bois on voit la Loire qui serpente. Au bout du chemin qui s’étroitise en même temps que la falaise s’allonge, on devine d’autres bâtiments exigus et disparates, comme l’esquisse brouillonne et distraite d’un hameau. Marie-Jo Girard nous a invités pour découvrir ce territoire fragile, qu’elle a à coeur de sauvegarder. « Je suis tombée amoureuse de ces blocs. Dès que nous nous sommes installés ici, il y a 20 ans, le travail a été axé sur les murets. » Avec l’aide de muraillers professionnels, ils ont recréé des centaines de mètres de murs en pierres sur la propriété tout en pente. Julien, le fils de Marie-Jo, a appris la technique avec les pros, sait ‘lire’ les pierres pour les placer au mieux dans la construction. Son regain d’intérêt a motivé Marie Jo à réinterroger sa façon de vivre dans ce lieu atypique. Elle a demandé à Alexis Monjauze de réfléchir à un projet architectural qui redonnerait de l’unité à l’ensemble. Un ensemble qu’ils occuperaient à plusieurs. Elle en haut ; Julien en bas.
Pas touche à ses blocs de basalte
Premier problème à résoudre : l’accès.
Comment imaginer un chantier si les matériaux et les engins ne peuvent descendre jusqu’aux maisons ? Il faut créer une route. Oui, mais voilà, Marie-Jo ne veut pas qu’on abime sa falaise. Pas touche à ses blocs de basalte. Julien, qui s’est entrainé à deviner les tracés des anciens murets, sait voir les chemins les plus évidents pour passer d’une terrasse à l’autre ; les voitures de dimensions modestes peuvent déjà accéder à l’habitat. Et les plus gros véhicules ? Julien envisage un passage ponctuel via la propriété d’un voisin et s’investit dans la reconstruction des murailles qui permettent de récupérer des parcelles plates.
Des maisons de vigne disparates
Des bâtiments disparates et tarabiscotés occupent deux hauteurs de terrasses. Toute l’énergie de la famille s’étant portée sur l’extérieur, la terrasse remporte le trophée de l’ensemble, le plus grand espace plan du terrain, peut-être 20 mètres carrés. À part ça, tout est tarabiscoté, entretenu de bric et de broc. Ici un bardage bois. Là un vilain ciment. Et de la pierre bien sûr !
« Longtemps il a fallu passer par l’extérieur pour se rendre dans la salle de bain » raconte Marie Jo. On passe d’une pièce à l’autre, l’exiguïté ne permettant pas l’ajout d’un couloir. L’ensemble fait penser à un hameau un peu chiche qui abriterait une communauté hors du monde. « J’ai plutôt l’image d’un bateau à l’ancre » observe Marie Jo, et son fils de rajouter : « quand nous sommes dans la mer de nuages, le bateau est encore plus évident. »
L’ensemble redessiné par l’architecte redonne de la cohérence et de l’harmonie. Sur le papier, le projet parait plus imposant qu’il ne sera en réalité. Chaque maison mesure à peine 3 mètres par 3, mais des toits plats abritent les surfaces qui s’ajouteront et permettront de naviguer entre les différents espaces de vie.
Disséminés dans la pente, plusieurs bâtiments exigus, maisons de vignes et annexes disparates, ont été agrandis et reliés entre eux pour recréer un ensemble cohérent et agréable à vivre.
Projet Atelier Monjauze Architectes
Posté par Joëlle Andreys