Le 19 juin 2014
Metaphora
Le voyage commence souvent par des files d’attente à l’aéroport (parqués, fouillés, fliqués), par des bouchons sur les autoroutes (radars, péages, papiers du véhicule), pour arriver sur des lieux de vacances bondés avec les mêmes gens, les mêmes cultures, les mêmes habitudes… En migrant d’un chez nous à un ailleurs normé, on aura enrichi au passage les actionnaires des multinationales (Total, Disney…) pour lesquelles un salarié français sur deux travaille déjà toute l’année.
Alors comment éviter le piège ? Rester chez soi alors que l’on pourrait partir ? Ce serait dommage. D’abord être conscient que changer de lieu ou de climat ne suffit pas. Partir vraiment, c’est d’abord rompre avec le quotidien. Partir, c’est lâcher le guide, celui avec la casquette rouge ou celui de papier bleu ; c’est prendre le risque d’errer mais aussi celui de vivre plus intensément. Partir, c’est s’ouvrir à la culture des personnes rencontrées en chemin car être relié aux autres fait voyager aussi. Ce n’est pas pour rien qu’en grec, transport se dit metaphora induisant l’idée que la pensée est plus riche et plus complexe quand on associe des champs différents.
Se transporter ailleurs dépend plus de la capacité à se mettre à l’écoute du bruissement du monde, qu’à «se payer un voyage». Au lieu d’être un consommateur de loisirs dans un temps de vacances imparti, on peut être un voyageur dans la vie, éveillé et conscient. L’apprendre et le comprendre l’emporte alors sur le prendre. Rendons nomades nos habitudes, nos pensées et nos actes pour jouir d’une plus grande liberté, et si possible d’un bonheur plus partagé !
A Strada on fait de notre mieux pour livrer des sujets qui donnent envie de découvrir le monde, à commencer par son voisin et la nature toute proche, et sans donner de complexes si c’est le nez collé à la fenêtre à suivre la course des nuages ou en cultivant de la menthe sur son balcon.
Dans ce numéro, Emmanuelle et Karine partent cramer de l’essence au Maroc dans le rallye Aïcha des gazelles mais avec un bel objectif : aider le petit Gabin… Etienne raconte son travail en Laponie, où le partage avec ses « clients » tient une place très importante. A quelles pages ? Et si on vous laissait le découvrir vous-même, au fil des détours inattendus du 25è voyage de votre magazine métaphorique préféré ?
Posté par Joëlle Andreys