Le 20 juin 2012
Est-ce un bien, est-ce un mal ? ou «La rose est sans pourquoi»*
Des événements qui nous arrivent, on a tendance à tirer des conclusions hâtives. A faire des tris à la hache, du style : ça, ce n’est pas une bonne nouvelle, mais ça, c’est génial ! Or, je ne vais pas vous surprendre en vous disant que ce n’est pas aussi simple. Le monde ne se divise pas en deux catégories.
La bonne nouvelle d’un jour s’avère une plaie le jour suivant : on peut se réjouir qu’on nous amène une récolte de champignons, et pâtir le lendemain de ce que V. ne nous ait pas averti qu’il ne savait pas reconnaitre un bolet à pied rouge d’un bolet satan. Mais que se passe-t-il le sur-lendemain ?
L’indigestion de Boletus Satanas vous a empêché de vous rendre au bureau. Ca tombe bien, c’était justement le jour ou Mme Michu a amené son vin de sureau pour remercier l’équipe ; la bouteille a explosé avant qu’on ne la goûte, et Juliette s’est pris le bouchon dans l’oeil. C’aurait pu être vous. Aux services des urgences, elle a fait la connaissance de Roméo, il venait de chuter de vélo en tentant d’éviter un hérisson. Et depuis ? ils vivent le parfait amour…
Mieux vaut donc prendre les choses comme elles viennent, avec philosophie.
Quand on se met à étudier la suite d’événements qui fait qu’une chose se produit, on se rend compte du potentiel infini à l’oeuvre dans la nature. Si les mêmes causes produisent les mêmes effets (le bouchon dans l’oeil de Juliette est à l’origine d’un bel hématome) il est pourtant impossible de connaitre toutes les forces en jeu (le hérisson qui traverse la route…) Alors comment voudrions nous réussir à juger de l’influence positive ou négative d’une indigestion de champignons ? On aurait peut-être intérêt à faire plus confiance à l’imprévisible et à la nouveauté. Et puisque rien ne se produit sans que l’univers entier ne soit à l’ouvrage, cet été, j’ai bien envie de le laisser se débrouiller un peu tout seul, l’univers.
*«La rose est sans pourquoi » Heidegger (non, ce n'est pas Heidegger, mais Angelus Silesius)
Posté par Joëlle Andreys
Pascal - 21 juin 2012
Ah oui, » La rose est sans pourquoi » mais la phrase est d’Angelus Silesius dans son Pélerin chérubinique et Heidegger n’a fait que la reprendre. Comme, selon le Talmud: » Le Messie viendra quand on attribuera à chacun la citation qui lui revient » ( Je cite de mémoire), je me permets cette petite précision! Avec toute ma sympathie.
Hélène - 21 juin 2012
hé hé, j’adore votre édito ! (et cette magnifique chute !)
Geneviève - 21 juin 2012
il y a des accents stoïciens dans cet édito et aussi quelque chose qui ressemble à Leibniz avec de l’humour en plus…
Quant à la citation d’Heidegger il l’a empruntée à un trés ancien philosophe dont je rechercherai le nom….Sacré Heidegger!…Brillant philosophe amoureux d’une juive (Hanna Arendt) qui s’est compromis avec le nazisme pour sauver son université…..
Marie Laure - 21 juin 2012
très bien ton édito, ca m’a fait rire. Mais quand même t’as été dure avec Juliette !
Robert - 21 juin 2012
Lao Tseu n’aurait pas dit mieux…
Michel - 21 juin 2012
On pourrait gloser : l’oeuf n’est pas sans poule et la poule n’est pas sans oeufs. L’univers est sans humain, mais pas l’humain sans univers. Le hasard est sans but mais pas sans cause. Les mots sont sans langage, mais le langage n’est pas sans mots.
Elisabeth - 26 juin 2012
Merci à la personne qui m’envoie par mail le magazine STRADA. Je peux déjà prendre connaissance de son contenu et surtout ce mail me permet de savoir qu’il va être déposé dans les commerces de la région où je pourrai le retirer, le lire et en faire profiter mon entourage. J’avoue que, depuis que je suis à la retraite je n’ai plus la possibilité de l’avoir dès sa sortie et je suis donc bien contente d’avoir l’information par mail. Je trouve votre magazine très bien avec plein de choses très intéressantes. Merci encore à toute l’équipe de la rédaction du magazine STRADA.
Sylvie - 12 juillet 2012
Tout cette philosophie ne concerne que les petits maux de la vie.
Car quand vous êtes atteint sérieusement par la maladie, ce qui est mon cas, on se demande surtout pourquoi moi ? Pourquoi ne suis-je plus du côté des « vivants en bonne santé »? Et les plaintes des uns et des autres sur des sujets futiles vous paraissent bien vaines.
Joëlle Andreys - 12 juillet 2012
J’avoue, Sylvie, je fais dans la futilité, et le ton léger de mes éditos ne sied pas aux malheurs dont vous me parlez.
Il n’empêche, je ne suis pas sûre que, dans une certaine mesure, face à ce qui nous arrive – petits soucis, gros tracas, emmerdes ou catastrophes –
la posture la plus sage ne soit pas de « prendre les choses comme elles viennent « , goûter ce qui nous est accessible, dans l’instant.
mais personne n’a dit que la sagesse est le chemin facile.
sylvie - 12 juillet 2012
C’est surtout pour dire que le futile devient vraiment futile quand on est vraiment malade. Prendre les choses comme elles viennent fait partie du combat, mais le combat est le plus important. Et chez moi, c’est la révolte. Peut-être que la sagesse serait la voie mais dans la souffrance, elle est difficile à apercevoir.