Entreprendre, Ecolothique, Parentalité
Le 16 juin 2016
Suzanne Grangette dirige l’entreprise familiale SPCV avec talent et travail ; manuelle « je connais par coeur toutes les machines ! », créative « je voulais créer ma marque », pragmatique « mes enfants et petits enfants ont testé tous nos produits » et bonne négociatrice : la Chine achète tétines et biberons fabriqués à Vorey sur Arzon.
Biberonnée à l’entreprise familiale
Quand son père, Bernard Derocle, l’embauche dans l’entreprise familiale en 1981, il est hors de question que Suzanne travaille dans les bureaux avec les cols blancs. Elle a beau être la fille du patron, elle sera logée à la même enseigne que comme son frère et que les autres salariés de Silicone Plastique Caoutchouc Voreyzien, avec, en supplément, l’obligation de connaître parfaitement tous les postes de la société qui fabrique alors principalement des tétines pour la grande distribution. Ainsi, pendant 15 ans, la jeune femme va réceptionner le caoutchouc, au perçage de tétines, le contrôle, l’emballage, l’expédition… Des tâches souvent réalisées au cul des machines, répétitives et fastidieuses, mais qui ont toutes leur importance dans le processus de fabrication de tétines de qualité. « Je veux que vous sachiez tout » insistait le père. Quand elle entre enfin dans les bureaux c’est avec la même exigence d’expertise qu’elle fait sa place comme secrétaire puis à la comptabilité avant d’arriver à la direction.
De la suite dans les idées
Avec vivacité, la fille défend le management du père, dont elle prend la succession en 2007 : parce qu’elle « connait par coeur toutes les machines » elle sait aussi entraîner son équipe dans son sillage par une direction engagée qui inspire le respect et s’ancre dans une relation de confiance. Quand elle demande à « ses gars » de faire des heures supplémentaires, elle est toujours présente et donne un coup de main là où c’est nécessaire. Bosseuse, persévérante, elle a aussi envie d’initier du changement dans cette entreprise familiale, d’y mettre sa patte. Alors que le paternel à su prévoir le grand tournant du silicone – en 1987, SPCV est la première entreprise de France à fabriquer des tétines en silicone – la fille rêve d’une création de marque de puériculture. Un nouveau biberon ? Vous voyez petit ! Ce n’est pas un seul biberon que Suzanne Grangette lance sous sa propre marque Nataé mais toute une gamme : des biberons en verre, en polypropylène, des tétines en caoutchouc et en silicone… Depuis le 15 mars, les 20 produits de la marque NATAE trônent sur sa table de travail. Un soulagement et une satisfaction énorme après deux années de travail acharné à créer ce concept 100% made in France, de haute qualité.
De Vorey à la Chine
Suzanne Grangette n’a pas peur d’aller présenter elle même ses nouveaux produits. Femme de contact, ses biberons en bandoulière, elle va à la rencontre des pharmaciens et des magasins de puériculture de son secteur, quitte à se charger d’implanter ses produits dans les rayons d’enseignes spécialisées à Vorey, à Monistrol sur Loire et au Puy ; elle peut ainsi suivre de très près les réactions : «Les parents sont très attentifs à la qualité française et attachés aux produits auvergnats. » De bons retours la confortent dans l’idée de s’affranchir du marché des GMS* qui tirent les prix vers le bas et fragilisent l’indépendance économique des entreprises. Un contact en Chine via Le Département débouche après 6 mois d’étude de marché sur une première commande de quelques milliers de produits. Dans l’empire du milieu aussi, c’est la réputation de l’excellence française qui séduit les acheteurs ; le packaging avec visuel de bébé bien typé européen ne sera pas décliné différemment pour les parents chinois. Les parents des pays scandinaves et pays de l’Est semblent avoir les mêmes inclinaisons, ce qui assurerait l’avenir de l’entreprise voreysienne.
« J’ai 54 ans, rappelle Suzanne Grangette, dans quelques années je chercherai un acheteur pour la société. » Ce ne devrait pas être difficile, tant cette femme, attentive à toutes les facettes de son entreprise, fait du bon boulot.
SPCV : Silicone Plastique Caoutchouc Voreyzien (Vorey / Arzon)
Création en 1954 de CMC, reprise par Bernard Derocle en 1972
en 1987 : 1ère entreprise de France à fabriquer des tétines en silicone, principalement pour la grande distribution. Devient SPCV.
Suzanne Grangette prend la direction
en 2015 : 2 400 000 de chiffre d’affaire dont 36% à l’export, 23 personnes en atelier, 7 dans les bureaux
en 2016 : Création de la marque NATAE. Lancement d’une gamme de produits de puériculture. Prospection de nouveaux marchés à l’international. made in auvergne natae.baby.com
La super tétine, une production 100% auvergnate
- un soufflet et des stries qui rappellent la structure et le mouvement du sein.
- une valve qui ventile le lait et empêche l’aérophagie
- un arôme naturel qui neutralise l’odeur du caoutchouc
Le caoutchouc : texture soyeuse, matière recyclable, matière naturelle issue de l’hévea. Produit dans des plantations du Vietnam, partenaires de SPCV depuis 20 ans, qui assurent des conditions de récoltes optimum: c’est la deuxième saignée, toujours réalisée hors période de mousson, qui donne le meilleur caoutchouc.
Le verre pour le corps du biberon : passe au micro-onde et au lave-vaisselle sans altération, n’a pas d’odeurs et est recyclable.
Un concept qui plait jusqu’en Asie pour la qualité française. Stratégie, marketing et communication de Nataé ont été réalisés par Aurélie Riocreux, cabinet conseil Unit &CO, au Puy en Velay.
Posté par Joëlle Andreys