Le 15 septembre 2012
Après avoir vécu entre autres lieux en Haïti et en Louisiane, Philippe Bouillaguet s’est installé sur la route pittoresque de Tence, à Yssingeaux. Dans sa maison-atelier, des reliques de la guerre de 14 de laquelle son grand-père est revenu vivant côtoient des meubles exotiques, de vieux tapis, des bibelots à deux sous et quelques antiquités plutôt kitch. C’est là qu’en arrêt de travail longue maladie, Philippe Bouillaguet, 50 ans, se met subitement à peindre dans une sorte de fièvre. Il peint des affiches pour des groupes de musique cajun d’Ardèche : Les fourmis déploguées, Bayou gazoline, Les hommes des bois. Il peint des bouteilles. Il peint des planches de bois avec de la glycéro industrielle. Et cet homme qui ne revendiquait pas une place d’artiste, se met à décrocher des expositions. A Chaspuzac, la responsable de la médiathèque voit dans sa peinture du « Combas, mais en plus sombre. » Une référence qui le surprend par sa justesse (il est grand admirateur de la maîtrise de Combas et de l’irruption du psychédélique dans ses constructions) et lui donne le courage d’envoyer des photos de ses dernières peintures pour trouver d’autres dates : c’est Chadrac, Brioude, Langeac, Saint-Etienne, Lyon… Peindre, pour lui, c’est comme une thérapie qu’il se serait choisie et dont il s’appliquerait seul le traitement… une sorte d’auto-art-thérapie. « Je peins ce qui me fait peur… je fais des collages… je me raconte des histoires. » Le regardeur, entre fascination et rejet, navigue dans ses tableaux comme dans des contes glauques où il ne serait nulle part à l’abri. Il rencontre dans des perspectives mouvantes qui rajoutent à son malaise, des divinités du vaudou, des fantômes de la guerre de 14, des bagnoles au pare-brise explosé, de monstrueuses entités, des flammes dans les ténèbres, des Christ qui ne sauvent plus personne.
Ses références ? Pollock parce qu’il y met ses tripes, Otto Dix pour la guerre de 14, Combas pour son art figuratif libre.
Sa définition de son style ? art naïf psychédélique.
Un rêve ? faire jouer des accordéonistes cajun d’Auvergne dans une galerie huppée de Zürich ou d’ailleurs où il exposerait.
Un message ? il profite de cet article pour lancer un appel à des petits groupes de musiciens auvergnats auxquels il offrirait une affiche peinte par lui.
Ses prochaines dates d’expos ? Brioude au café lecture la clef jusqu’au 28 septembre 2012. Langeac au café lecture Grenouille en janvier 2013. Tenez vous au courant en suivant nos strada’dates
Posté par Joëlle Andreys