Le 06 décembre 2024
On devrait inviter nos politiques à se rendre au cinéma pour voir Flow, Le chat, qui n’avait plus peur de l’eau.
Que des êtres à la longévité d’un colibri, totalement insignifiants à l’échelle de l’univers, puissent décider à quelques-uns, de façon totalement arbitraire, le sort d’une planète et de ses habitants, ça me sidère. On a trop vu nos élus sortir de l’exemplarité attendue. Les présumés ‘sages d’entre les sages’, censés prendre des décisions pour le bien commun, s’insultent, se fâchent et mentent à tour de bras, chacun jouant sa partition électoraliste. Ils s’acoquinent avec les plus riches, qui s’imaginent légitimes à influer sur nos vies.
Pourquoi je suis remontée comme cela ? Je sors d’une séance de cinéma d’art et d’essai au Chambon-sur-Lignon, un bijou de film d’animation plusieurs fois primé : Flow, le chat qui n’avait pas peur de l’eau. La planète subit un cataclysme, elle est submergée par les eaux, il est question de solidarité, d’entraide face à l’adversité, une fois les peurs dépassées. Dans la salle beaucoup d’enfants. à la fin, un débat. Des petits de 6 ans expriment leur avis sur le ‘pestacle’, puis posent des questions avec aisance. Visiblement, ils ont appris l’écoute et le partage. Ceux là, devenus adultes, deviendront-ils des individus égocentrés et agressifs ?
Dans Flow, la solution réside dans l’alliance entre ennemis supposés, chiens, chat, capybara et serpentaire. On objectera qu’il serait bien naïf de transposer cette métaphore dans notre société, mais alors pourquoi éduque-t-on nos enfants avec ces valeurs d’ouverture, de partage et de solidarité, si c’est pour les mépriser quelques années plus tard ?
Ce comportement mature, le dépassement de sa sphère individuelle et la solidarité entre êtres différents, est à l’œuvre au quotidien dans les cercles familiaux et les cercles d’amis. C’est la base solide qui permet de construire le vivre ensemble. Dans des structures alternatives comme les coopératives, on expérimente des ateliers de co-développement pour bâtir ce bien vivre ensemble. On cherche des consensus pour que chacun se sente entendu dans sa position, qu’elle participe à l’élaboration de solutions acceptables pour tous. Et ça fonctionne (voir article Coop’art p.54).
Alors, en plus d’une séance de cinéma, peut-être faudrait-il que nos décideurs participent à des ateliers de co-développement ? Qu’ils apprennent, comme nos enfants, à s’écouter et à travailler ensemble pour le bien de tous.
Edito Joëlle Andreys, STRADA n67, hiver 2024-25
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Posté par Joëlle Andreys