Rencontres, Associations, Ecolothique, Pedagogie, Parentalité, Culture
Le 18 mars 2016
DéTours buissonnier en Finlande.
Suite du voyage de Manon de Chaudeyrolles et Sylvère de Queyrieres, partis 8 mois en vélos à la découverte de lieux éducatifs et d’initiatives locales, dans le domaine social, culturel et scolaire. De Détour en aller-retour, conquête du Nord par le Nord.
Pédale douce, hiver doux
Après notre escale en Ardèche, le Puy-de-Dôme. Nous y dansons la bourrée à trois temps en comprenant comment la transmission de traditions au pays Brayaud est aussi celle d’une histoire, d’une identité et d’un langage. Puis nos montures à deux roues nous entraînent jusque dans le Beaujolais et en direction de la Bourgogne et de l’Alsace. Sur notre route, nous découvrons l’école de Saint-Cyr-le-Chatoux où l’envie d’apprendre est le moteur indispensable à toute création de connaissance. Nous nous arrêtons à Dôle (Jura), dans une école de production en métallerie et recyclage de pneus. L’école est dans l’atelier, les élèves passent du fer à souder à leur cahier d’écolier. La production et la construction permettent à chaque jeune de convertir le pliage d’une plaque de métal en théorème mathématique.
Échappée pour la Finlande
A la mi-décembre, nous cadenassons nos vélos à Strasbourg, pour plusieurs semaines. Nous partons en Finlande où nous avons plusieurs établissements à découvrir. Soucieux de rester dans une allure lente et propice aux rencontres, nous faisons le choix de rester les pieds sur terre. C’est donc en voiture jusqu’à Berlin, puis en auto-stop jusqu’à Tallinn que nous rejoignons les pays nordiques. L’épopée ne fut pas sans peine avec, pour accueil chaleureux, un -25°C à l’arrivée. Dans cette blanche et réfrigérée capitale, nous avons l’opportunité d’entrer dans la prison ouverte de Kerava. Dans cet établissement pénitencier, les prisonniers vont et viennent entre leurs responsabilités au jardin et leurs lieux de vie communs, clef de leur cellule en poche. Ils accueillent les visiteurs à la boutique botanique et sont libres de chercher une formation ou un travail à l’extérieur.
Ici, les élèves réussissent
Nous passons trois semaines au lycée français d’Helsinki. Cet établissement public a des spécialités en langue française mais fonctionne avec le système scolaire Finlandais. Le plan d’enseignement insiste sur le bien-être. Ici, les élèves réussissent. S’ils ne comprennent pas, on leur met à disposition des moyens pour projeter sur un plus long terme l’assimilation d’un savoir. Ils ne « redoublent » pas mais font une année supplémentaire s’il leur manque des acquis…
Des idées germent. Il ne manque plus qu’à les semer par dessus notre porte-bagage.
Les élèves finlandais et leurs cartables à projets
Pendant notre séjour à Helsinki, nous passons trois semaines au lycée français d’Helsinki. Cet établissement public a des spécialités en langue française mais fonctionne avec le système scolaire Finlandais.
De l’école à la société, à moindre pas.
Le bâtiment et son organisation alimentent nos premières réflexions. Le parvis du hall central est foulé par tous les élèves, des primaires de 7 ans jusqu’aux lycéens de 18 ans. L’espace d’accueil, commun à tous, s’ouvre sur la bibliothèque et un grand réfectoire. Il est le symbole du bien commun où l’on se nourrit l’esprit et le corps. Avec des services de cantine à heure différée entre 10h30 et 12h30, les élèves mangent tous ici gratuitement. Leur temps de pause repas n’excède pas 45 minutes, étant donné que les cours finissent entre 13h et 15h. La vie au sein de l’école est rythmée par différents rituels, notamment celui de l’ouverture du matin où une fois par semaine, une classe présente le prochain événement à venir. Chaque acteur de l’école a une place à part entière dans la scolarité de l’apprenant : des professionnels de la cantine, au concierge et bibliothécaire. Mais ce qu’on y apprend est aussi imprégné des besoins concrets du quotidien d’une vie d’enfant. Il y a donc le cours de « foyer » où ils apprennent à cuisiner, à repasser, le cours de « tissus », où la machine à coudre et les aiguilles à tricoter vont bon train ou encore l’atelier bois où les bavardages sont masqués par le bruit des scies. La Finlande reconnaît deux religions d’État : l’Église évangélique-luthérienne et l’Église orthodoxe. À l’école, des cours de religion sont dispensés, les élèves peuvent choisir de suivre des cours de leur propre religion (y compris hors celles de la nation) ou des cours d’éthique, à vocation théologique. L’école est au service de futurs professionnels, de jeunes citoyens et acteurs de l’espace public.
Au service du « bien-être »
Le plan d’enseignement, qui est le système de programmation des objectifs annuels, insiste sur le « bien-être ». Ici, les élèves réussissent. S’ils ne comprennent pas, on leur met à disposition des moyens pour projeter sur un plus long terme l’assimilation d’un savoir. Ils ne « redoublent » pas mais font une année supplémentaire s’il leur manque des acquis. Leur scolarité se découpe en 13 ans, la 10ème année n’existe que pour ceux qui auraient besoin d’approfondir la transition entre le secondaire (collège) et le lycée. Le plan national donne des directives globales quant aux attentes des apprentissages. C’est ensuite aux établissements et aux enseignants eux-mêmes de fixer leurs objectifs de travail. Au niveau de l’évaluation, ce sont les compétences globales de l’élève qui sont interrogées. L’importance est donnée à la gestion autonome des apprentissages et à leur mise en pratique concrète. Pour cela, le croisement des matières est facilité. Des professeurs qui dispensent des cours différents, peuvent travailler ensemble sur le même projet. D’ailleurs, un enseignant absent est toujours remplacé, quitte à ce qu’un professeur de français assure le cours d’arts plastiques. C’est la compétence de l’enseignant à créer des situations d’apprentissages qui est valorisée et pas seulement le savoir propre à sa discipline.
Même si ces découvertes sont indissociables du contexte finlandais, il n’en reste pas moins que des idées germent. Il ne manque plus qu’à les semer par dessus notre porte-bagage.
Lien vers leurs Site Internet : detourbuissonnier.com
Posté par Manon DEVIDAL Sylvère DECOT