VISION D’ARCHITECTE

se projeter dans nos usages

Un habitat c’est beaucoup d’usages possibles différents en fonction des goûts et des modes de vie de ses habitants. Donc, avant de commencer un projet, il est bon de se demander comment on veut vivre et ce qui est important pour nous. Aimez vous cuisiner, regarder la télé, recevoir des amis ? Dans quelle pièce passez vous le plus de temps ? Laquelle vous ressource ? Avant de décider quoi que ce soit, nous avons besoin de nous projeter dans l’usage de notre habitation, pour anticiper ce qui pourrait nous faciliter le quotidien, et, a contrario, éviter ce qui pourrait le compliquer. 

Les projets présentés ont été réalisés par ROUCHOUZE & GAUTHIER Architecte.

Pour bien commencer sa journée, hors de question de tâtonner à la recherche d’un interrupteur, ni de pousser une porte avec le pied, encombré d’une panière à linge… Ces choses-là n’arrivent pas quand l’ergonomie d’une maison a été bien pensée. Et, en la matière, il n’y a pas de solution universelle. Un architecte, un électricien ou un usager auront chacun des avis différents mais tout aussi valables pour l’emplacement d’un interrupteur. Alors comment décider ? 

Si tout le monde est capable de répartir dans un espace donné un coin cuisine, une salle de bain et un séjour, il y a peu chances qu’on arrive à conceptualiser, seul, un espace vraiment agréable à vivre, avec des déplacements faciles, des usages fluides… Or, quand on réhabilite une centaine de mètres carré aujourd’hui, il nous en coûte de toute façon près de 200 000 euros, que ce soit bien aménagé ou pas. Alors autant faire appel à un architecte pour penser son projet en amont et éviter les regrets. 

L’approche de l’ARCHITECTE Anne Rouchouze

Nous sommes allés interroger pour vous Anne Rouchouze, architecte DPLG à Yssingeaux, séduits par la définition qu’elle nous a donné de son travail, « offrir du bien être par le cadre de vie ». Serait-elle une thérapeute par l’habitat ?

Anne Rouchouze travaille surtout la réhabilitation d’habitation pour des particuliers. Quelle est son approche de l’architecture ? « C’est important de vivre au quotidien dans une base saine. J’essaye de construire les espaces comme j’aime manger : sain et local. Je fais ma cuisine architecturale en mélangeant plusieurs ingrédients, et je cherche l’alchimie qui ravira mes clients. »

Pour obtenir ce résultat, l’architecte est catégorique : tout projet commence par l’analyse des besoins, des envies et modes de vie. « J’aime travailler avec les particuliers, ce sont des interlocuteurs impliqués. Avec des commandes publiques le cahier des charges est souvent déjà arrêté, il faut le suivre d’une façon stricte. Je préfère être en amont des projets. Avec les particuliers, on travaille toujours ensemble le cahier des charges. » Vous l’avez compris, l’architecte ne décide pas pour son client, mais l’accompagne pour qu’il décide ce qui est le mieux pour lui. « Parfois la première esquisse est le projet final et d’autres fois le projet change à chaque rendez vous. Si il se passe trop de temps, leur vie peut changer et leurs objectifs aussi.« 

Imaginer un habitat, c’est donc d’abord prévoir son organisation en fonction d’un cahier des charges, qui envisage aussi le futur.

Ensuite, tirer profit du bâti existant et de son contexte paysager. Les anciennes fermes du secteur sont construites sur le même modèle. Des bâtisses en pierre sur deux niveaux, celui du bas pour les bêtes est bas de plafond, celui d’en haut pour le foin arbore une belle hauteur sous charpente pour le stockage. Au lieu de garder tel quel ces deux niveaux, Anne Rouchouze travaille ses volumes telle la souris dans le gruyère. «  ll faut savoir prendre du recul et oser casser. Je présente le projet en maquette 3D dès le début pour que les gens arrivent à se projeter ; sur un plan 2D on ne comprend que 20% du projet auquel j’ai pensé. Je fais souvent de grandes ouvertures, pas seulement en façade, mais aussi entre les niveaux. » 

Question moyens, la création d’une grande ouverture coute environ 10 000 euros, une dépense qui peut faire hésiter, mais si, au final, on se retrouve avec un habitat hyper qualitatif ? Avec de la lumière naturelle qui arrive de partout, toute la journée ? Mais précisons qu’une bonne idée au bon endroit ce n’est pas forcément une grande intervention…

Pour l’architecte yssingelaise, la priorité est à donner à la qualité d’usage, à l’harmonie des volumes et des matières. 

Bien sur, on gérera soigneusement le thermique : chauffage et isolation. Mais pour elle, « la finition, c’est de l’habillage, du maquillage, ce n’est pas ce qui fait le projet. » Comprenez que si la base architecturale est réussie, ce n’est pas un enduit de façade neuf, un carrelage haut de gamme ou un parquet en chêne qui modifiera vraiment l’esthétisme du résultat.

Nous avons demandé à Anne Rouchouze de nous présenter quelques uns de ses projets pour comprendre son approche de l’architecture.

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Une ancienne ferme au pertuis : oser le volume

Cet habitat présentait de petits espaces sombres, cloisonnés. Il fallait le réadapter aux besoins des nouveaux usagers. La réhabilitation a su tirer profit de sa position privilégiée, de la vue et de l’ensoleillement… Nous avons fait rentrer le paysage à l’intérieur. (Création ROUCHOUZE & GAUTHIER Architecte)

Volume, oser le vide

« Nous avons réunifié l’ensemble en ouvrant horizontalement et verticalement. En enlevant les cloisons, en perçant les murs porteurs en pierre, et en créant des vides entre les niveaux. J’ai retravaillé le ‘squelette’, changé sa structure pour obtenir un nouvel équilibre, avec plus de vide que de plein, tout en définissant des espaces, du fonctionnement, des déplacements. » 

Nous avons maintenant une impression de grand volume, avec des traversées lumineuses et visuelles. 

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La maison de Grazac : Une façade complètement transformée

C’est une petite fermette de village, avec montée de grange, modeste, recouverte d’enduit, elle n’a pas un charme fou. Située dans un secteur ABF, toute demande d’autorisation d’urbanisme passe par l’Architecte des Bâtiments de France. Il est utile de préciser que son rôle est certes de protéger le patrimoine mais aussi de promouvoir l’architecture contemporaine :  » Les projets osés mais harmonieux et équilibrés sont préférés aux pastiches timides. » C’est pourquoi la transformation radicale de la façade revue par Anne Rouchouze a été approuvée.  (Création ROUCHOUZE & GAUTHIER Architecte)

Les clients – un couple avec des enfants – avait l’idée de faire du bioclimatique. Ils souhaitaient garder la carcasse en pierre pour en utiliser l’inertie et parce qu’ils apprécient les murs en pierres pour la texture du décor intérieur. Leur parti pris est donc une isolation par l’extérieur, et, chose rare, en paille. 

Pour l’apport de lumière et d’énergie solaire, l’architecte à ouvert franchement le centre de la façade sud et a tout vitré. « J’ai trouvé des astuces pour protéger des trop gros apports de chaleur l’été.  Le squelette en bois apparent sert de ‘casquette’ ; cette protection solaire permet aussi de définir une composition entre ouvertures fixes et ouvrants, entre parties transparentes et translucides. » Tout l’aménagement est organisé autour de cet apport de lumière. Un filet d’habitation fait le job à l’étage, en laissant passer la lumière comme le ferait un vide et en ajoutant une surface de loisirs. Le seul inconvénient du filet ? Les legos qui tombent à travers, alors si on veut protéger sa soupe, on n’installe pas la cuisine au dessous. 

Coté rue, il n’est pas possible de rajouter 60 cm d’épaisseur de paille. Comment faire d’une contrainte une opportunité ? Dans cette partie il se trouve justement un garage non chauffé, où l’isolation n’est pas un enjeu. On y placera aussi les chambres à l’étage avec un doublage intérieur, plus doux que la pierre apparente.

Au final, la façade arbore donc une partie isolée paille enduite, une partie vitrée encadrée de bois, et une partie en pierres. C’est réussi, regardez les photos de la facade AVANT /APRES

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Une grande bâtisse d’habitation 
à Raucoules

Les fenêtres et la porte d’entrée de cette grande et belle bâtisse donnaient sur un jardin au sud, clos de murs – il est encadré d’anciennes annexes agricoles – dans l’alignement d’un portail. On venait se garer devant l’entrée principale, qui est aussi l’endroit le plus qualitatif, de plain pied. Dommage. 

AVANT

APRES
Changeons donc l’accès ! L’architecte a imaginé une entrée par un espace extérieur à l’arrière de la maison, une zone ‘paillasson’ qui ne ternit pas la face sud, préserve l’intimité, permet de chercher tranquillement ses clefs en étant abrité, et qui communique aussi avec le jardin. (Création ROUCHOUZE & GAUTHIER Architecte)

De l’intérieur on profite d’une grande ouverture plein sud avec brise soleil orientable.

L’ouverture respecte l’harmonie et la composition de la façade.

D’aucuns la jugent trop grande, d’autres l’adorent. C’est aux habitants de privilégier ce qu’ils préfèrent. En la matière il n’y a pas de règle; on fait des choix dans la gestion du volume en fonction des usages, des besoins, de l’organisation souhaitée…Ils sont propres à chacun.

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Une résidence secondaire dans le bourg de Saint Front

Dans une toute échelle, voici une ancienne maison de bourg réaménagée en maison secondaire pour des Lyonnais. La famille venait uniquement l’été. Maintenant elle y passe régulièrement les fêtes de Noël, l’usage a changé grâce à la réhabilitation de l’espace. (Création ROUCHOUZE & GAUTHIER Architecte)

AVANT

Le rez-de-chaussée a été réaménagé en incluant l’ancien garage et pièce de stockage qui s’est avéré pouvoir être l’espace le plus agréable de la maison.« Je conseille d’étudier l’ancienne étable comme espace habitable au lieu d’y stocker la voiture ou les outils de jardin. Souvent, c’est une zone de plain pied sur le jardin, qui bénéficie d’une orientation au sud et d’une ouverture conséquente, souvent une des plus grandes de la façade. » précise l’architecte.

APRES

Ces 70 m2 ont été équipés d’un plancher chauffant. Les poutres ont été aérogommées, puis peintes en blanc pour garder de la clarté et donner un côté champêtre, campagnard. 
En travaillant uniquement le rez-de-chaussée, cette résidence secondaire a beaucoup gagné en confort et en plaisir d’habiter. 

Faut-il tout changer ? 

Une seule grande ouverture suffit souvent à donner l’impression de changer de maison. Parfois, en modifiant simplement d’accès, en transformant par exemple une fenêtre en porte et une porte en fenêtre, on reconfigure judicieusement l’ensemble. 

Que ce soit de la fonctionnalité de l’espace, un matériau ou un système de chauffage, il n’y a pas de solution ‘miracle’. Seul l’usager peut choisir. C’est son projet, son chantier. A l’architecte de l’accompagner pour que son espace corresponde à sa vie. 

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