ZINZIN DE ZINC
Le zinc, est un des métaux le plus utilisé dans le monde. c’est une ressource naturelle, non renouvelable mais recyclable à 100%.
En contact avec l’humidité et l’air ce métal se patine avec le temps sans s’oxyder. La couche supérieure passe alors du bleu clair au gris clair, elle reste imperméable et agit comme une barrière protectrice, garante de sa longévité. Il est utilisé principalement pour la galvanisation (recouvrement d’objets en fer d’une couche de zinc). Il entre dans la composition de nombreux alliages (laiton, zamak…).
Depuis Napoléon, on l’utilise dans le bâtiment. Il est alors principalement décliné en plaques – qui peuvent recouvrir entièrement des façades, des toitures, être facilement découpées et pliées pour s’adapter à tous les accidents de toiture, à la décoration – et en accessoires divers pour l’évacuation des eaux de pluie (gouttières, chenaux…) Il ne demande aucun entretien et peut durer jusqu’à 100 ans.
Le zinc est aussi un oligo élément indispensable à l’organisme humain.
Rencontre avec un apprenti zingueur
Bastien Barré vient d’apprendre les résultats de son examen : c’est gagné. Après un bac pro charpente il vient d’obtenir une mention complémentaire en zinguerie. « Je l’ai préparée en alternance avec un contrat d’apprentissage à Queyrières Bois. Le plus souvent sur les chantiers, et 12 semaines en cours à Bains, le centre de formation. Pendant un an j’ai fait toutes les zingueries de tous les chantiers de Queyrières Bois raconte-t-il avec fierté. Mais qu’on ne s’y trompe pas, ce dont il est le plus content ce n’est pas d’avoir obtenu sa mention mais de savoir faire des soudures étanches et solides, bien fixées ; et ce jeune homme ne jubile pas, il est tout de satisfaction retenue, avec la même réserve dans son expression que dans son geste professionnel : de l’attention, de la lenteur calculée, de l’efficacité. Doué, dit de lui son patron, le charpentier Alain Bancal qui l’a pris comme apprenti pendant toute cette année.
Depuis septembre, l’équipe de Queyrières Bois a rénové des toitures, construit des ossatures bois, isoler des mailon, posé du bardage bois… Quand je les rencontre, le chantier de réfection de toiture est à Ville, à coté des Pandraux, une grande et vénérable bâtisse dont certaines parties datent de du XIIIème siècle. Le grand père de Bastien est né ici, et figurez vous qu’il fut artisan zingueur. Tous les jours, il vient voir l’avancée du chantier et observe les gestes de son petit-fils. Le métier a t-il changé ? – Pas vraiment, explique le grand père, le façonnage est identique, la soudure aussi et on utilise toujours le zinc en toiture ou finition de toiture, pour les abergements, l’évacuation des eaux de pluie… mais avant on ne coupait pas les tuiles, il y avait beaucoup plus de travail de découpe et pliage des noues. Hum, pour se comprendre, il va nous falloir un peu de vocabulaire spécifique.
Le vocabulaire de la zinguerie
Les noues, sont les éléments de couverture qui font la liaison de deux pans de toiture quand elles forment un angle rentrant ; cette partie dont l’étanchéité est essentielle, canalise les eaux de ruissellement.
Les arêtiers sont les éléments de couverture qui font la liaison de deux pans de toiture quand elles forment un angle saillant.
La rive est l’extrémité du toit coté pignon, (où le mur du bâtiment se finit en triangle) elle peut être dans la matière que les tuiles, en bois ou en tôle.
Les abergements sont les liaisons étanches entre les matériaux de couverture et les « accidents de toiture » : les souches de cheminées, les éléments de ventilation, lucarnes ou fenêtres de toit type velux…
Les gouttières et les chénaux sont les conduits qui collectent les eaux pluviales à la base de la toiture pour en permettre l’évacuation par les tuyaux de descente.
Les alternatives au zinc dans la construction
Pourquoi l’utilisation du zinc en finition de toiture s’est-elle généralisée ? Sa maniabilité lui permettent de recouvrir des formes complexes, des toits arrondis ou alambiqués, mais d’autres matériaux ont des propriétés similaires au zinc mais pas tous les avantages de notre chouchou.
Le cuivre le premier métal travaillé par l’Homme ! Tous les atouts du zinc, étanche en couverture, légéreté, malléabilité, cycle de vie très long, taux de recyclage exceptionnel… Il offre une palette de couleurs qui évolue naturellement au fil du temps, du rouge brillant à la patine vert amande. Son seul inconvénient, il est deux à trois fois plus cher que le zinc.
L’aluminium, comme le zinc, il est léger, économique, écologique et résistant. Plus rapide à mettre en oeuvre mais pas forcément élégant, devient marron avec le temps. En général les plaques sont revêtues d’un traitement anti-corrosion pour continuer de refléter la lumière du soleil.
Le PVC considéré comme inesthétique et surtout pas écologique : le Chlorure de PolyVinyle (PVC) est produit à partir de pétrole et de chlorure de sodium et nécessite l’ajout d’une cinquantaine d’additifs chimiques pour être stabilisé. Seuls les déchets de production sont recyclés, tous les autres sont incinérés.
Démonstration de soudure à l’étain
Ca tombe bien, Bastien doit préparer une gouttière et souder son talon. On l’observe dans son travail, il opère avec concentration, précis, rigoureux.
- Il commence par préparer les outils appropriés,
- puis présente les éléments – gouttière et talon -pour un assemblage soigné.
- De l’acide appliqué au pinceau décape le métal afin que la soudure accroche au support.
- Le fer est mis à chauffer. Il est à bonne température lorsqu’en le mettant au contact de la targette d’étain des petites gouttelettes fluides se forment sur la pierre de sel ammoniaque. À l’inverse, un trop grand dégagement de fumées signifie que la température est trop élevée.
- Bastien “pointe” les parties à souder. Il maintient le fer un court instant sur la baguette d’étain en contact avec le zinc. Entre chaque point de soudure, il repasse l’extrémité du fer sur la pierre à sel pour que sa surface soit toujours parfaitement propre.
- En finition, la partie nouvellement soudée est mouillée est frottée avec un chiffon pour nettoyer les taches d’acide.
Le zinc, une passion
Vous avez envie de vous tester au fer à souder ?
On ne peut que vous encourager à utiliser votre fer à souder pour réparer un objet, mais si vous voulez changer des éléments de toiture il vous faudra prendre de grandes précautions. D’abord parce que comme vous êtes en hauteur, il y a des risques de chute : vous vous attacherez pour sécuriser votre position. Ensuite parce que si vous ratez votre travail, la minuscule fuite deviendra un gros enquiquinement.
Savoir placer les pattes de fixation au bon endroit, en mettre suffisamment… faire attention à la pente, au sens de l’eau… prévoir un couvrement de 10 cm minimum en fonction de l’altitude et du chantier… agir en fonction de la dilatation de la plaque de zinc dès lors que vous agissez sur une longueur de 12 cm de chêneau… sont des connaissances qui ne s’inventent pas.
Posté par Joëlle Andreys